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Full text of "Les vieilles chansons populaires du Berry; [étude, suivie de vingt chansons harmonisées]"

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es 
Les  vieille? 


Les  Vieilles 

Chansons  Populaires 

du  Berry 


PAR 


HUGUES    LAPAIRE 


Étude  sur  les  vieilles  chansons  populaires  du  Berry,  suivie  de  VINGT  CHANSONS 

choisies  parmi  les  plus  anciennes  et  harmonisées  par  MM.  Francisque  Darcieux, 

André  Coedès-Mongin,  Léon  Branchet,  M""  Aimée  de  Mourgues. 


Prix  net  :    2.50 


Paris 

ALBERT     BESNARD,     Éditeur 

26,    rue     Antoinette 


Hugues  ElJïPaiSMEl 
******* 


1res  Vieilles  Chansons 

Populaires  du  ÏBerrij 


Accompagnement   de   Piano  par 

Francisque  Darcieux        André  Cœdès-Mongin 
Léon  Branchet        M      Aimée  de  Wourgues 


M.I'.KKI    BESNARD    I  diteur,  2b.  Rm 

I 


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11 


DEC 


10  3  3  9::; 


TÂBL1 


AVANT-PROFOS. 


Première  Partie 

Pat» 

I.     Le  Briolage i 

II.     Les  «  Ronds  »  et  les  «  Dardelantes  » 4 

III.  Les  Chansons  de  Bergères 7 

IV.  Les  Chansons  de  Conscrits 12 

V.    Les  Chansons  de  Noces 14 

VI.    Les  Chansons  de  Métiers 18 

VII.     Les  Chansons  de  Fêtes 20 


Deuxième  Partie 

La  Bergère  aux  Champs 22 

2.  Faut-il  et'  si  près  d'un  Rosier 24 

3.  Le  Vendeur 25 

4.  La  Fille  d'un  Prince 27 

Voilà  six  mois  que  c'était  le  Printemps 29 

6.  La   Belle  Angélique 31 

7.  La  Promise 33 

Le  Retour  du  Conscrit 35 

Ohé!  Oho! 37 

Le  Gars  brûlant 39 

La  Chanson  du  Grenadier 41 

Marche  des  (lais  de  La  Châtre 43 

Le  Jeune   Volontaire 45 

14.  La    Demande  eu    Mariage 47 

15.  Les  Pleumes  de  Haut' 49 

16.  La   Savante  qui  veut  se  tune  aussi    belle  que  sa   Dame 51 

17.  Le  Cornemuseux  d'Marmignol 53 

18.  La    Irène  Garellt 55 

19.  Vive  le  Vin! 57 

20.  Noël! 59 


Ouvrages  du  même  Auteur: 

&8 


Poésies 

Au  Pays  du  Berry  (A.  LEMERRE) ,    , 

Sainte-Soulange  (CRÉPIN-LEBLOND.  à  Moulins) 2.  » 

Au  Vent  de  Galerne  (CRÉPIN-LEBLOND,  à  Moulin»)    350 

Les  Rimouères  d'un  Paysan  (SANSOT) 3    , 

L'Annette.  —  Noëls  berriauds.  —  Les  Chansons  berriaudes 

(  Volumes  épuisés J. 


Romans  et  Nouvelles 

Le  Courandier  (BOIV1N  &  C") ,  <0 

Le  Fardeau  (CALMANN-LÉVY)    3.50 

L'Épervier                                —         Prix  Jean  Revel 35o 

Les  Accapareurs  (CALMANN-LÉVY)  Prix  Balzac 3.50 

Les  Demi-Paons  (E.  FIGUIÈRE) 3  50 

Jean-Teigneux  (E.  FASQUELLE) 3  J0 

Ames  Berrichonnes  (BLOUD  &  C") x  ^ 

Au  Berry  des  Treilles  (BERRICHON  DE  PARIS) 1.50 


Divers 

La  Bonne  Dame  de  Nohant,  collaboration  F.  Roz  (SOC.  D'ÉDITIONS)  3 

Le  Patois  Berrichon      (CRÉPIN-LEBLOND) 2 

Vielles  et  Cornemuses       —  —  3 

Les  Mémoires  d'un  Bouvreuil  (BOIV1N  &  C") 9 

Le  Célèbre  Galafat —         —      3 

Le  Pays  Berrichon  (BLOUD  &  C1')  —  Prix  Montyon 1 

La  Mé  Fanchoune  (BERRICHON  DE  PARIS) 0 

La  Demande,  collaboraiion  G.  Nigond  (BERRICHON  DE  PARIS) 1 


% 


Avant -Propos 


<■■■■     •£'• 


'est  à  l'invention  naturelle  et  spontanée  de  poètes  anonymes,  que  nous  devons 
ces  chants  rustiques,  imprégnés  d'une  délicieuse  saveur  locale  et  d'une  naïveté 
qui  demeure  inimitable. 

Notre  rôle  s'est  borné  à  recueillir  quelques-unes  de  ces  vieilles  chansons,  pour 
les  préserver   de   l'hérésie  que  commettent  certains  notateurs   en   les  arrangeant 
et    en    substituant   de   mauvais  vers   aux   humbles  paroles   qui   accompagnent   ces 
chants  et  qui  en  font  tout  le  charme  (I). 

Ces  Pastorales  qui  n'ont  rien  d'un  genre  que  l'on  est  convenu  d'appeler  ainsi  en  Littéra- 
ture, sont  souvent  très  frustes  et  d'un  relief  parfois  brutal.  Il  leur  manque  évidemment  l'esprit 
de  mesure  et  la  grâce  dont  les  eut  accompagnées  un  hellène  qui  comme  Théocrite  aurait  eu 
besoin  de  chercher  hors  des  voies  de  l'Art  pur,  une  source  où  rajeunir  son  talent  et  renouveler 
son  imagination  épuisée.  Telles  elles  ont  jailli  de  l'inspiration  du  peuple,  telles  nous  les  donnons. 
C'est  un  bouquet  de  fleurs  des  champs  épanouies  en  terroir  bernaud.  Je  les  y  ai  cueillies  ;  je 
vous  les  offre  avant  qu'elles  ne   soient   foulées  aux  pieds  ou  dispersées  au   vent  de  l'oubli. 


HUGUES   LAPAI  RE. 


(i)  George  Sand  et  Chopin  ont  note-  ;mssi  des  vieux  airs  de  la  Vallée  Noire  :  *  Ces  chants  ne 
sont  pas  perdus,  m'écrivait  en  1807  M""  Lina  Sand  ;  mais  ils  n'ont  pas  d'accompagnement  ».  Ils 
sont  aujourd'hui  la  propriété  de  M""  Aurore  Lauth-Sand  Laisnel  de  la  Salle  en  a  recueilli  tout  un 
chapelet;  Ribault  de  Laugardière  s'est  spécialisé  dans  les  Nolls  et  Pierre  de  la  Loje  dans  1<  s 
malicieuses  chansons  d'Issoudun,  Jean  Baftier  et  France  Briffaull  connaissent  e(  chantent  de 
vieilles  ballades  berrichonnes  qui  sont  autant  de  petits  chefs-d'œuvre.  Tous  ont  respecté  la  musi- 
que et  les  paroles  ;  ils  savaient  qu'en  y  changeant  l.i  inoindre  chose,  ils  enlevaient  toute  saveui 
a  la  chanson  populaire.  Je  dois  beaucoup  a  l'obligeance  de  MM.  Jean  Baftier  le  maître-SCulpteur 
de  la  Croix-Renaud,  Brothier  de  Rollière,  Ch.  Denis  de  la  Châtre,  l'abbé  Farge  d'Alouis,  Henri 
Lamarre,  L.  Montu,  Potron,  Mu*  Ponty  de  Mchun-sur-Ycvrc  et  le  père  Bordier  de  Neuve  I  -Bai 
rois.  Je  leur  adresse  ici  tous  mes  remerciements  pour  la  noble  cause  qu'ils  ont  bien  Voulu  m  aider 
a  servir.  Je  me  garderai  d'oublier  dans  ce  concert  de  louanges  (puisque  nous  parlons  musique!) 
deux  jeunes  maîtres  qui  ont  mis  a  ma  disposition  leur  beau  talent  musical  avec  autant  de  sponta- 
néité que  de  désintéressement  :  MM.  André  Cosdès-Mongin  et  Francisque  Darcicux.  U 
doublement  ingrat  et  injuste  si  je  passais  sous  silence  la  précieuse  collaboration  du  merveilleux 
viellistc  Léon  Branchet  et  de  M"*  de  Mourgues.  une  artiste  sincère,  qui  m  excusera  si  je  manque 
a  la  parole  que  m  arracha  sa  modestie,  de  ne  point  la  citer  1 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/lesvieilleschansOOIapa 


le,  briolage 


'Origine  du  chant  populaire  est  in- 
contestablement «  comme  toute 
musique  du  reste,  écrit  le  maitre 
Vincent  d'Indy,  d'essence  reli- 
gieuse quant  aux  chants  vraiment 
anciens.  Car  si  le  peuple  n'est 
point  créateur,  il  est  au  contraire  un  merveilleux 
assimilateur.  Les  admirables  monodies  qu'on  est 
convenu  de  désigner  sous  le  nom  générique  de 
chant  grégorien  ou  plain-chant,  le  peuple  de 
France  les  connaissait  par  cœur,  et  c'était  son 
aliment  musical.  Mais  ces  mélodies  qu'il  enten- 
dait à  l'église,  le  peuple  en  arriva  inconsciem- 
ment à  les  faire  siennes,  et  modifiant  les  con- 
tours, les  lignes,  les  rythmes  surtout,  en  fit  tout 
d'abord  l'accompagnement  chanté  de  ses  danses, 
véritable  art  de  geste,  puis  peu  à  peu  la  mani- 
festation extérieure  de  ses  plaisirs,  de  ses  joies, 
de  ses  tristesses  (i)  ».  Voilà  pourquoi  George 
Sand  qui  notait  avec  Chopin  d'anciens  airs  ber- 
richons leur  trouvait  «  la  solennité  des  chants 
d'église  ». 

Le  chant  le  plus  ancien,  qui  fut  longtemps 
considéré  comme  sacré  chez  nous  et  auquel  on 
attribuait  de  mystérieuses  influences,  le  chant  le 
plus  caractéristique  du  Berry,  et  en  même  temps 
celui  qui  semble  répondre  le  mieux  a  la  défini- 
tion que  Vincent  à  Iiuiy  nous  a  donné  du  chant 
populaire,  c'est  assurément  le  briolage,  « 
de  plain-chant  entrecoupé  de  cadences  prolon- 
gées qui  tantôt  s'interrompent  brusquement  et 
tantôt  se  terminent  en  sautant  à  l'octave  par 
une  note  perçante  et  joyeuse  (2)  ». 

George  Sand  le  décrit  ainsi  :  «  Ce  chant  n'est 
à  vrai  dire  qu'une  sorte  de  récitatif  interrompu 
et  repris  à  volonté.  Sa  forme  irrégulière  et  ses 
intonations  fausses  selon  les  règles  de  l'art  musi- 
cal le  rendent  intraduisible.  Mais  ce  n'en  est  pas 
moins  un  beau  chant,  et  tellement  approprié  à 
la  nature  du  travail  qu'il  accompagne,  à  l'allure 
du  bœuf,  au  calme  des  lieux  agrestes,  à  la  sim- 
plicité des  hommes  qui  le  disent,  qu'aucun  génie 


(1)  Cf.  ViMF.Ni   d'Indy:   Le  chant  populaire  (Renais 
sance  provinciale)  juin  1908. 

(2)  Cf.  Laisnkl  de  la  Salle:  Souvenirs  du  vieux  temps 
(Maisonneuve,  éditeur). 


étranger  au  travail  de  la  terre  ne  l'eût  inventé 
et  qu'aucun  chanteur  autre  qu'un  fin  laboureur 
de  cette  contrée  ne  saurait  le  redire  (1  )  ». 

Cela  est  si  vrai  que  M.  Julien  Tiersot,  dont 
la  compétence  ne  saurait  être  mise  en  doute  et 
auquel  le  folklore  français  doit  déjà  tant  pour 
la  sauvegarde  de  nos  chants  populaires,  M.  Ju- 
lien Tiersot  essaya  de  noter  le  briolage,  crut 
l'avoir  noté,  alors  qu'il  n'avait  recueilli  qu'un 
chant  barbare  ne  ressemblant  en  rien  à  la  mélo- 
die tantôt  grave  et  sentimentale,  tantôt  vibrante 
et  triomphale  du  laboureur  berrichon  ! 

D'ailleurs,  ces  recherches  faites  à  travers  les 
provinces  pour  sauvegarder  nos  vieilles  chan- 
sons n'ont  malheureusement  donné,  le  plus 
souvent,  que  de  médiocres  résultats,  pour  la 
simple  raison  que  ceux  qui  les  faisaient  n'étaient 
pas  des  gens  du  pays.  Evidemment,  c'est  une 
louable  entreprise  que  d'essayer  de  tirer  de 
l'oubli  nos  belles  chansons  françaises,  mais 
encore  faut-il  que  ceux  qui  s'en  occupent  soient 
bien  qualifiés  pour  cela,  car  les  difficultés  sont 
innombrables.  Combien  de  collectionneurs  se 
contentent  de  l'a  peu  près,  de  versions  incom- 
plètes,  le  plus  souvent  fausses,  erronées  ou 
étrangères  à  la  région  dont  ils  s'occupent  ! 
Nous  allons  en  donner  une  preuve  flagrante. 
Vers  1860,  George  Sand  écrivait  :  «  Le  ministre 
de  l'Instruction  publique  va  faire  publier  le 
recueil  des  chants  populaires  de  la  France.  I 
une  très  bonne  idée  dont  la  réalisation  devenait 
nécessaire  ;  mais  cela  arrive  bien  tard,  nous  le 
craignons.  Pour  que  la  recherche  fut  tant  soit 
peu  complète,  il  faudrait  envoyer  dans  chaque 
province  une  personne  compétente,  exclusive- 
ment chargée  de  ce  soin.  Les  lettrés  ou  amateurs 
que  l'on  va  consulter  apporteront  les  récoltes  du 
hasard. 

«  Qui  donc  aura  le  temps  et  la  patience  de 
reconstruire,  parmi  cent  versions  altérées  d'une 
chose  intéressante,  le  type  primitif  ?  S'il  s'agit 
de  recueillir  le  plu-  ci'-  poésies  inédites  qu'il  scia 
possible  et  selon  nous,  toute  l'importance,  toute 


(1)  Cf.  George   Sakd:    La  Mare  .;.•<    tiaile,  pag<    20 


l'utilité  de  cette  publication  est  là,  le  travail 
demanderait  plusieurs  années  ou  un  grand 
nombre  d'explorateurs.  Les  commentateurs  ne 
manqueront  pas  ;  mais  les  véritables  découver- 
tes seront  fort  rares  ou  fort  incomplètes,  si  l'on 
ne  procède  consciencieusement  et  par  des 
recherches  toutes  spéciales  (i)  ». 

On  se  mit  donc  en  campagne...  par  ordre  de 
l'Empereur.  Ce  fut  un  désastre  !  M.  Henry  Gay 
a  dénoncé  le  résultat  lamentable  de  cette  tour- 
née d'explorateurs  de  la  chanson  française 
présidée  par  M.  Ampère:  «  Recueillies  le  plus 
souvent  par  des  fonctionnaires,  étrangers  à  la 
région  où  ils  exerçaient,  bien  peu  des  chansons 
parvenues  à  la  Commission  sont  dignes  d'atten- 
tion. La  plupart  ont  été  arrangées  pour  les 
besoins  de  la  cause.  Des  prêtres  ont  envoyé  des 
cantiques  ;  des  inspecteurs  d'académie  ont  re- 
cueilli des  rapsodies  sans  intérêt,  laissant  les 
vraies  chansons  populaires,  parce  qu'ils  ne  les 
comprenaient  pas  !  On  le  saisira  mieux  quand 
nous  aurons  dit  que  parmi  les  innombrables 
chansons  envoyées  à  la  Commission  et  qui  for- 
ment deux  volumes  de  manuscrits  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  figure  sous  le  titre:  Les  Grands 
Bœufs  blancs,  la  chanson  de  Pierre  Dupont  : 
Les  Bœufs,  restée  si  célèbre  et  contemporaine 
du  correspondant  de  la  Commission.  Pareille 
méprise  est  faite  pour  la  chanson  Eho  !  Eho  ! 
du  poète  Fertiault  !  Beaucoup  s'y  sont  laissés 
prendre,  Champfleury  entre  autres,  qui  la  donne 
comme  chanson  populaire  de  Bourgogne,  et 
elle  figure  dans  les  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque. A  part  quelques  jolies  trouvailles,  le 
reste  est  à  l'avenant.  On  y  attribue  à  notre 
département  (l'Indre)  des  chansons  patoises  en 
limousin  !  D'ailleurs,  à  part  quelques  provinces, 
où  l'on  fit  un  réel  effort,  la  plupart  des  corres- 
pondants prirent  peu  la  chose  au  sérieux.  Ce 
fut  pour  eux  une  corvée,  que  celui  du  Ben}', 
entre  autres,  traduisit  à  la  fin  de  ses  manuscrits, 
griffonnés  à  la  hâte  et  presque  illisibles,  par  le 
mot  :  «  Ame ii  !  (2)  » 

Mais  revenons  au  briolage.  Il  y  a   quelques 
années,  j'assistais  à  une  brillante  réunion  dans 


(1)  Cf.  Geokgk  Sand  :  Promenades  autour  d'un 

(2)  Cf.  Revue  du  Berry  et  du  Centre  (avril  igoS):    Las 
chansons  populaires  en  Berry,  par  Henrj  Gay 

Cetti  1  uns.  M.  l'abbé 

Jouve,  dans  une  conférence  faite  au  profit  dV  l'Alliance 
Française,  à  Châteauroux,  donna  comme  »  ballade  berri- 
chonne »  une  version  <1<-  la  chanson  bourguignonne  de 
Fertiault  : 

1.,-^  agneaux  vont  aux  pltrines 
l'.t  les  lou/>a  sont  aux  60s...,  etc. 


l'atelier  de  Frédéric  Lauth,  l'excellent  peintre 
de  portraits  qui  épousa  Aurore,  l'aînée  des 
petites-filles  de  George  Sand.  Là,  j'eus  le  plaisir 
d'entendre  M.  ïiersot  dévider  au  piano  un 
chapelet  de  chansons  et  d'anciennes  ballades. 
Me  sachant  un  passionné  de  ces  choses  et 
surtout  un  fervent  de  la  «  petite  patrie  >,  il 
joua  un  air  assez  original  mais  qui  ne  produisit 
sans  doute  pas  sur  moi  l'effet  qu'il  en  attendait, 
car  il  me  demanda  aussitôt  : 

—  Vous  ne  connaissez  pas  cela  ? 

Je  fouillai  dans  ma  mémoire,  dans  mon  cœur, 
mais  rien  ne  me  rappelait  ce  chant  bizarre  ;  pas 
une  fibre  n'avait  remué  dans  mon  être  comme  à 
l'évocation  d'un  souvenir  de  jeunesse,  de  cho- 
ses familières  au  milieu  desquelles  on  a  vécu  et 
que  l'on  a  beaucoup  aimées. 

Alors  il  ajouta  à  ma  grande  stupéfaction  : 

—  C'est  le  briolage  ! 

Le  briolage  ?  Cela  ?  Il  prétendait  rendre  sur 
le  piano  la  mélopée  de  nos  laboureurs,  aussi 
difficile  à  saisir  que  les  modulations  sorties  du 
gosier  d'un  rossignol  !  Cela  pouvait  passer  sans 
doute  parmi  les  habitués  d'un  salon  parisien, 
mais  pour  moi  qui  avais  été  bercé  par  ce  chant, 
qui  l'avais  entendu  si  souvent  avec  émotion  et 
piété  lorsqu'il  montait  avec  le  tireli  de  l'alouette 
joyeuse  dans  la  lumière  des  matins  de  prin- 
temps, moi  qui  en  connaissais  par  conséquent 
l'ampleur,  la  beauté,  la  solennité,  la  diversité, 
l'insaisissabable...  Non  !  M.  Tiersot,  cette  fois, 
s'était  trompé  ! 

Le  briolage  ne  peut  se  traduire.  Ses  trilles, 
ses  vibrations  qui  semblent  glisser  sur  le  corps 
des  bœufs,  qui  les  font  frémir  et  s'allonger  dans 
les  sillons  comme  au  passage  d'une  caresse  ; 
cette  voix  qui  les  excite  au  travail,  les  apaise 
et  les  charme,  ce  chant  unique,  échappe  à  la 
science  du  notateur. 

Le  briolage  égayé  l'heure  monotone  des 
vieilles  qui  filent  sur  le  seuil  bleu  des  chau- 
mières et  se  répercute  jusqu'au  lointain  des 
brandes  où  les  bergères  trompent  l'ennui  des 
solitudes  en  mêlant  leurs  voix  aux  échos  mou- 
rants de  cette  cantilène  qui  est  l'hymne  de  la 
terre,  la  prière  des  champs,  l'âme  du  pays,  le 
Berry  tout  entier  !... 

«  On  assure,  dit  Laisnel  de  la  Salle,  que  le 
grand  Renard  de  Fontenay,  mort  il  y  a  plus 
d'un  demi-siècle,  lorsqu'il  labourait  dans  le 
chaumoi  de  Montlevic  et  que  le  temps  était 
saige,  on  l'acoutail  brioler  du  biau  mitan  de  la 
grand'  place  de  La  Chaire,  c'est-à-dire  à  une 
distance  de  plus  d'une  lieue.  Il  n'avait  pas  son 
pareil  lorsque,  menant  le  grand  labourage,  il 
interpellait  en  chantant  et  d'une  seule  halenée 


chacun    des    dix    bœufs   qui   composaient   son 
puissant  attelage  : 

Ça,  Gava,  Sarzé,  Guivé, 
Fauviau,  Charbouniau,  Varmé, 

Cerison,  Morin, 

Rossigneu,  Châtain  ! 
Eh  !  Eh  !  Eh  !  mes  maignons  ! 
Eh  !  mes  valets,  allons  ! 

Le  refrain  de  la  chanson  du  Pauvre  Labou- 
reur se  rapproche  assez  comme  v<  langage  >\  si 
je  puis  dire,  du  briolage  qui  ne  se  compose  en 
réalité  que  de  paroles  confuses  inventées  la 
plupart  du  temps  par  le  laboureur  lorsqu'il  parle 
à  ses  bœufs  : 

Allons,  allons,  allons,  Ch  !... 

Allons  mes  petits  compagnons, 

Copé,  Sarrazin 

Et  l'boyer  ça  fait  cinq  ...in 

Allons,  allons,  allons,  ch  !... 

Allons,  allons,  allons,  ch  L.lon  ! 

Allons!  (i) 


(i)  Dans  les  Chants  populaires  lie  la  Bretagne  de  M.  de- 
là Villemarqué,  il  existe  une  version  de  cette  chanson 
que  nous  donnons  plus  loin  en  entier.  Celle  que  M.  de 
la  Villemarqué  a  recueillie  est  en  dialecte  de  Léon  et 
porte  ce  titre  :  Al  labourerien.  Elle  est  plus  ancienne  que 
la  nôtre,  niais  le  barde  berrichon  ne  s'est  inspiré  en  tout 
cas  que  du  2m'  et  du  3°"  verset.  Le  reste  de  la  chanson 
est  complètement  différent. 


Ainsi  que  toutes  les  antiques  et  saines  cou- 
tumes, le  briolage  se  perd.  On  se  le  transmet 
encore  dans  quelques  familles  patriarcales,  mal- 
les jeunes  générations  le  délaissent  pour  le 
stupide  refrain  de  café-concert  ;  on  ne  l'entend 
presque  plus  dans  les  champs. 

Cependant,  pour  la  Saint -Biaise,  fête  des 
agriculteurs  de  la  Vallée  Xoire,  il  semble  renaître 
de  ses  cendres  !  Ce  jour-là,  les  trois  statues  de 
saint  Biaise,  de  saint  Antoine  et  de  saint  Vin- 
cent, patrons  des  laboureurs,  des  éleveurs  et 
des  vignerons,  sont  portées  processionnellement 
dans  nos  campagnes.  Des  paysans  les  précèdent 
avec  le  bâton  enrubanné  de  leurs  corporations, 
le  drapeau  des  conscrits  et  les  bannières  parois- 
siales. Une  foule  considérable  de  laboureurs  et 
de  vignerons  les  escortent,  marchant  recueillis 
comme  les  paysans  d'Athènes  aux  fêtes  de 
l'Attique. 

Le  soir,  le  briolage  prend  son  essor  sous  les 
solives  enfumées  des  auberges  et  ses  mâles 
accents  vibrent  encore  assez  tard  dans  la  nuit, 
berçant  la  petite  ville  de  La  Châtre,  fidèle 
gardienne  des  dernières  traditions,  endormie 
sous  le  clair  de  lune  qui  découpe  sur  le  champ 
des  étoiles,  les  pignons  pointus  de  ses  vieilles 
maisons  de  bois. 


II 


Les  "Ronds"  et  les  "  Dardelantes  " 


adis,  entre  l'Epiphanie  et  le 
mardi  gras,  on  dansait  et  on 
chantait  des  «  ronds  »  en  Berry. 
Voici  le  tableau  que  nous  en 
a  laissé  M.  Rollinat  (i)  :  «  On 
1  se  donnait  la  main  ;  les  cava- 
liers, autant  que  possible,  alter- 
naient avec  les  jeunes  filles,  les  mères  de  famille 
et  parfois  les  grand'mères  qui  n  étaient  pas  les 
moins  ardentes.  Un  chanteur  lançait  les  cou- 
plets répétés  en  chœur  par  les  gens  de  la  ronde... 
et  celle-ci  tournait,  s'élargissait,  se  rétrécissait  ; 
en  cadence,  les  pieds  frappaient  le  sol,  les  bras 
se  balançaient  et  la  voix  ùu  chanteur  montait 
dans  la  nuit...  (?)  » 

Des  rivalités  s'élevaient  parfois  dans  le  même 
village  entre  les  «  ronds  »  d'une  place  et  ceux 
d'un  carrefour  voisin.  C'était  auquel  éclipserait 
l'autre  par  la  beauté  de  ses  chants,  l'enragerie 
de  ses  «  sabotées  ».  De  semblables  rivalités  exis- 
taient  à  l'époque  chez  ces  fameux  maîtres-son- 
neurs dont  George  Sand  nous  a  décrit  les  mœurs 
en  des  pages  inoubliables.  Ils  étaient  si  jaloux  de 
leur  «  jeu  »  que  l'orgueil  du  vainqueur  et  le  dé- 
pit du  vaincu  dans  les  tournois  de  village 
engendraient  parfois  des  haines  et  des  luttes 
entre  partisans  de  tel  ou  tel  «  maître  en  sonne- 
rie ».  Mais  aujourd'hui  on  ne  se  passionne  plus 
pour  ces  choses  qui,  cependant,  donnaient  du 
relief  à  une  province,  dissipaient  l'ennui  et  rete- 
naient la  jeunesse  à  des  passe-temps  plus  salu- 
taires et  plus  divertissants  que  le  cabaret  ou  les 
parlotes  politiques...  Hélas  !  le  temps  impitoyable 
effrite  les  monuments  qui  semblaient  devoir  être 
les  plus  durables  et,  en  passant,  efface  les  chan- 
sons qui  ne  sont  écrites  que  sur  le  sable.  Chan- 
teurs et  rondes  s'en  vont  rejoindre  les  vieilles 
lunes,  comme  bientôt  —  si  nous  n'y  veillons  — 


(i)  M.  Raymond  Rollinat  d'Argenton,  est  le  cousin  du 
poèt<  s  'lis  Névroses  Maurice  Rollinat.  C'est  un  savant  c|ni 
s'occupe  surtout  d'ornithologie  et  de  on  ck-s 

sauriens  et  des  mammifères  chiroptères  que  l'on  rencon- 
tre dans  le  centre  de  la  France. 

(2)   Cf.    Préface  au  recueil    de   .1     BaRBOTIN      â' • 
Berry  cl  Chanso  '     ■ 


cette  «  gaieté  française  »  qui  fît  le  tour  du  monde 
avec  nos  autres  gloires. 

Cependant,  nous  constatons  avec  joie  une 
réaction  très  sensible  contre  ce  malaise  que  nous 
valurent  une  centralisation  outrancière  et  l'in- 
trusion lente,  mais  habile  et  tenace,  parmi  nous, 
d'éléments  étrangers  à  notre  race.  Nous  assistons 
depuis  plusieurs  années  à  une  véritable  renais- 
sance des  provinces.  Le  génie  propre  de  chaque 
région  se  réveille,  et  nous  voyons  archéologues, 
géologues,  romanciers,  poètes,  bardes,  surgir  de 
tous  côtés  pour  défendre  et  célébrer  les  charmes 
et  la  beauté  du  sol  natal.  C'est  pourquoi  nos 
airs  populaires  ont  trouvé  tant  de  «  collection- 
neurs ». 

Il  est  parfois  téméraire,  disions-nous  dans  le 
chapitre  précédent  de  s'attaquer  à  certains  de  ces 
chefs-d'œuvre  enfantés  par  le  peuple.  Nous  pen- 
sons, en  effet,  qu'il  serait  préférable  de  n'en 
donner  que  ce  qui  a  pu  être  conservé  dans  la 
mémoire  des  hommes.  Trop  souvent  certains 
amateurs  les  déforment,  les  augmentent  ou  les 
démarquent,  s  imaginant  que  leurs  élucubrations 
plairont  mieux  que  le  thème  initial  qu'ils  trai- 
tent dédaigneusement  de  «  vieille  rengaine  ». 

Qu'un  chef  de  musique  civil  ou  militaire,  de 
Carpentras,  de  Carcassonne  ou  d'ailleurs,  se  trou- 
ve jeté  par  les  caprices  de  la  vie  tic  garnison  ou 
les  hasards  de  la  vie  ordinaire  dans  une  de  nos 
sous-préfectures  du  Centre,  il  se  mettra  aussitôt 
en  quête  des  airs  anciens  qui  rôdent  dans  la 
campagne  et  les  faubourgs  de  la  ville  ;  puis,  un 
dimanche,  sous  les  tilleuls  du  mail,  les  bons 
bourgeois  seront  abreuvés  d'une  musique  bar- 
bare, sorte  de  «  pot-pourri  »  dans  lequel  ils 
reconnaîtront,  déformés,  dépaysés,  au  milieu  des 
fioritures  du  trombone  à  coulisse,  du  piston  et 
de  la  clarinette,  les  vieux  airs  qui  ont  bercé 
leur  en  tance  !... 

Qu'un  instituteur,  également  d'importation 
méridionale  ou...  septentrionale,  débarque  dans 
un  village  du  Berry  par  exemple,  et  que,  piqué 
par  la  tarentule  de  l'écrivain,  il  entende  en  se 
promenant  une  pastoure  chanter  dans  son  naïf 
langage  la  chanson  du  Printemps  ou  des  rrois 


fendeux ,  aussitôt  il  adaptera  à  ces  airs  rusti- 
ques ses  rimailleries  de  primaire  qui  n'auront 
même  pas  pour  excuse...  la  couleur  locale  ! 

Outre  ces  déformations  que  l'inconscience  et 
le  pédantisme  infligent  parfois  à  nos  chansons 
populaires,  il  y  a  aussi  celles  que  leur  font  subir 
les  illettrés.  A  force  d'être  transmises  de  mé- 
moire en  mémoire,  de  voler  de  bouche  en  bouche, 
de  passer  du  village  au  bourg  et  du  bourg  au 
hameau,  certaines  chansons  se  sont  corrompues 
au  point  qu'elles  ne  ressemblent  plus  à  rien.  Elles 
sont  ou  dénuées  de  sens  ou  arrangées  selon  les 
goûts  du  moment  et  les  idées  de  la  localité  qui 
les  possède  ;  ou  bien  encore,  on  les  retrouve 
allongées  démesurément,  chacun  ayant  voulu 
ajouter  son  petit  couplet.  «  Il  semble,  disait 
Gabriel  Vicaire,  que  l'on  ait  affaire  à  une  ma- 
tière malléable,  presque  fluide,  capable  de  s'al- 
longer et  de  se  restreindre  à  volonté  ». 

Comme  on  le  voit,  le  travail  du  commentateur 
se  trouve  singulièrement  compliqué  par  toutes 
ces  difficultés  qui  hérissent  le  chemin  de  ses 
recherches.  Il  lui  faudra  donc  beaucoup  de  tact, 
une  connaissance  profonde  du  pays  où  il  fera  sa 
cueillette  et  un  sens  artistique  suffisamment  dé- 
veloppé ;  sans  quoi,  il  risquera  de  faire  à  chaque 
instant  — c'est  le  cas  de  le  dire  —  des  «  manques 
de  touche  ». 

Les  vieilles  ruines  ne  gagnent  pas  toujours  à 
être  restaurées,  car  cette  restauration  manque 
souvent  d'exactitude  malgré  les  documents  dont 
s'entourent  les  architectes  compétents.  Ceci  re- 
vient à  dire  que  les  ruines  ont  leur  charme, 
telles  que  le  temps  nous  les  a  laissées  et  qu'il 
n'y  faut  toucher  qu'avec  les  plus  grands  ména- 
gements. 

M.  Barbotin,  qui  a  recueilli  les  «  ronds  argen- 
tonnais  »,  l'a  si  bien  compris  qu'il  s'excuse  très 
franchement  d'avoir  suppléé  par  son  imagina- 
tion aux  lacunes  du  texte  populaire  (i  i. 

Le  type  de  ces  «  ronds  »  est  donné  très  exac- 
tement dans  la  première  pièce:  Oh!  là  haut  sur 
ces  côtes. 

Le  chanteur  dominant  la  ronde,  commençait 
ainsi  : 

Oh  !  là  haut  sur  ces  cotes, 
La  Bell'  s'endoi  mit. 

Le  chœur  reprenait  en  tournant  : 

Oh  !  là-haut  sur  ces  côtes, 
La  Bell'  s'endormit. 

Le  chanteur  continuait  : 

Par  le  chemin  il  j 
•i  son  ami. 


Les  gens  qui  sont  jeunes, 
Pourquoi  dorment-i  ? 

Puis  le  chœur  : 

Les  gens  qui  sont  jeunes, 
Pourquoi  dorment-i. 

Et  la  chanson  déroulait  ainsi  ses  trente  ou 
quarante  couplets,  le  chanteur  alternant  avec  le 
chœur  composé  de  toute  la  ronde  qui  reprenait, 
en  tournant,  les  dernières  paroles  en  guise  de 
refrain  (i). 

Dans  d'autres  parties  du  Berry,  à  Bourges,  à 
Déols,  on  dansait  les  «  ronds  »  surtout  pendant 
loi  Rogations  ou  fête  des  Brandons.  A  la  tombée 
de  la  nuit,  sur  les  places  publiques,  des  sortes 
de  courses  aux  flambeaux  s'organisaient,  rap- 
pelant les  Lupercales  romaines.  On  enduisait  de 
résine  des  tiges  d'aubulons  blancs  ou  brandons; 
on  les  allumait,  et  les  porteurs  de  torches  for- 
maient une  immense  chaîne  qui  se  déroulait 
dans  les  rues  de  la  ville,  gagnait  les  champs, 
escaladait  les  collines,  courait  vallons  et  plaines, 
à  travers  vignobles  et  vergers,  procession  endia- 
blée de  feux  follets  portant  la  flamme  purifica- 
trice au  sein  des  récoltes. 

Le  chœur  chantait  : 

Brandounons  la  nielle 

El  la  nielle  et  l'échardon. 

Brandounons  fumelles, 

Brandounons  la  nielle. 

Tandis  que  le  chanteur  improvisait  son  cou- 
plet : 

La  bounn'  mè  su  les  tisons 

A  li  icassé  les  beugnons 

Que  les  beugnons  sont  si  bons...  etc. 

Puis  on  jetait  en  un  monceau  tous  les  bran- 
dons enflammés  et,  autour  de  ces  feux  de  joie 
que  la  Bretagne  appelle  des  «  feux  de  Saint- 
Jean  »,  la  ronde  reprenait,  plus  échevelée  : 

Saillez  delà  (sortez  de  la),  ^aillez  mulots 
Ou  j'allons  vous  brûler  les  crocs...  etc. 

Pour  le  mardi  gras,  «  dernière  manifestation, 
dit  M.  Henry  Gay,  de  la  Mastruca celtique,  alté- 
rée dans  les  bacchanales  antiques  et,  plus  tard, 
par  la  fête  des  fous  qui  se  célébra  jusqu'au  règne 
de  Philippe-Auguste  pour  ne  disparaître  totale- 
ment qu'au  seizième  siècle  »,  on  dansait  des 
«  ronds  masqués  »  en  chantant  : 

Mardi  l  il  .1-, 
T'en  va  pas 
J'frons  des  ■ 
JTrons  des  crêpes. 


(i)  Cf.  J.  Barbotin,  R.m./a  du  Berrj  et  chansons  de  btr- 


(i)  mmenl    de    cette    ancienne    coutume 

.  enue  l'expression  «  mener  la  ronde  >,  comme  on 

disait  aussi  «  mener  le  branle  >. 


6  — 


Mardi-Gras 
T'en  va  pas 
J'f  rons  des  crêpes 
Et  t'en  auras...  etc. 

Les  tragédies  d'Eschyle  furent,  on  le  sait,  ins- 
pirées par  les  chœurs  des  Bacchantes  et  les 
danses  populaires  aux  fêtes  de  Dionysos  ;  nos 
«  ronds  »  berriauds  ne  seraient-ils  pas  le  proto- 
type du  dithyrambe  d'où  sortit  le  théâtre  an- 
tique ? 

*  * 

C'est  incontestablement  du  briolage  dont  les 
vibrations  agrémentent  la  voix  pleine  et  sonore 
du  laboureur  que  naquirent  les  «  dardelantes  »  (  i  ). 
Toutefois,  il  ne  faut  pas  confondre  ces  trémolos 
avec  une  sorte  de  tyrolienne  que  les  bergers  se 
permettent  quelquefois  au  refrain  de  certaines 
chansons  en  se  mettant  le  pouce  sur  la  pomme 
d'Adam  (le  luteriau).  Le  pouce,  en  comprimant 
le  larynx,  fait  trembler  la  voix  qui  porte  alors 
très  loin  (2). 

Quand  j'étais  chez  mon  père, 
Mon  père,  lurelo  ! 
Il  m'envoyait  à  l'herbe 
Pour  garder  ses  troupeaux. 

J'aime  la  bruyère  sur  la  montagne 
Tagne,  tagne,  tagne, 
Tagne,  tagne,  tagne 
Tra  la  la  la  la  la  la 
La  youp,  la  youp,  tra  la  la  la  la...  etc.. 

La  plupart  des  «  dardelantes  »  sont  des  chan- 
sons de  conscrits. 

L'une  des  meilleures  que  nous  connaissions 
commence  ainsi  : 

C'était  trois  jeun's  garçons 
S'en  allant  à  la  guerre, 
S'en  allant  à  la  guerre, 
Tous  trois  ben  chagrinés 
Ue  laisser  ieux  maîtresses 
Qu'ai'  tint  en  train  d'crier. 

Le  plus  jeune  des  trois 
Y  r'grettait  ben  la  sienne, 


(1)  Ce  mot  expressif  vient  du  patois  dardeler,  qui  signi- 
fie trembler  et  de  dard,  langue.  Nos  paysans  connaissent 
deux  sortes  de  chansons  :  les  dardelantes  et  les  poiluses. 
Ce  dernier  mot  indique  suffisamment  leur  caractère  plus 
que  rustique  ! 

(2)  Cf.  Henry  Gay  :  Les  Chansons  populaires  en  Berry. 
(Rez'iie  du  Berry,  mai  1908). 


Y  r'grettait  ben  la  sienne, 
Il  avait  ben  raison. 
C'était  la  plus  genl   fille 
Qu'était  dans  le  canton...,  etc. 

C'est  cette  chanson  qu'André  Theuriet  a 
mise  sur  les  lèvres  de  la  jeune  pastoure  qui  des- 
cendait du  coteau  d'Etableaux  (ij.  Le  bon  maî- 
tre prétendait  qu'elle  était  lyonnaise.  Alors, 
pourquoi  la  faire  chanter  sur  un  mode  touran- 
geau ?  En  tout  cas,  on  la  connaît  en  Berry  depuis 
près  d'un  siècle  !... 

Pour  donner  plus  d'ampleur  à  mon  sujet, 
j'aurais  dû  mettre  en  regard  des  strophes  citées 
la  phrase  musicale  qui  s'y  rapporte,  car,  en 
l'espèce,  c'est  plutôt  l'air  qui  fait  la  chanson. 
Est-ce  à  dire  que  la  musique  saurait  se  passer 
des  paroles  ? 

Non.  Malgré  les  entorses  données  aux  règles 
de  prosodie  et  d'harmonie,  l'on  ne  saurait  isoler 
les  paroles  de  la  musique  et  vice-versa.  Cela 
forme  une  œuvre  adéquate,  originale,  géniale 
parfois,  où  la  simplicité  de  l'air  s'accorde  avec  la 
naïveté  de  la  chanson. 

Quel  effet  nous  produisent  ces  mots  : 


Adieu  donc,  ma  Manon  ) 

Ah  !  Je  m'en  va-t'en  guerre,     ! 


bii 


En  ceux  pavs  ben  loin,  pour  y  servir  le  roi, 
Ah  !  ma  Manon  qu'j'ai  du  regret. 

Je  pourrais  aller  jusqu'au  bout  de  ce  récitatif 
sans  éveiller  en  vous  la  moindre  émotion,  tant 
ces  paroles  manquent  de  rime...  sinon  de  rai- 
son !...  Mais  qu'un  Berrichon  vous  chante,  en 
dardelant  comme  il  convient  : 

Adieu  donc,  ma  Manon... 

Quelle  surprise  !  quel  charme  !  quelle  douceur 
se  dégageront  aussitôt  de  la  vieille  ballade  ! 


(1)  Cf.  André  Theuriet  :  L'Abbé  Daniel. 
Voici  cette  version  : 

Ce  ■•ont  trois  jeun's  garçons 
Oui  s'en  vont  à  la  guerre 
A  leur  L-orps  défendant 
Regrettant  leur  maltresse 
Que  leur  cœur  aime  tant. 

Le  plus  jeune  des  trois 
Regrette  bien  la  sienne 
Ah  !  qu'il  a  bien  raison 
C'est  la  pins  belle  fille 
Qu'il  v  ait  dedans  Lyon  ! 


III. 


Les  Chansons  de  Bergères 


'Humanité  a  chanté  ses  premières 
émotions  et  ses  premiers  rêves 
sans  se  douter  de  la  beauté  secrète 
contenue  dans  les  plus  humbles 
de  ses  paroles.  Beaucoup  de  nos 
vieilles  chansons,  dues  au  génie 
populaire,  concentrent  dans  leur  sobriété  ce  que 
l'art  grec  conserve  de  puissance  expressive.  Et 
pourtant,  nos  bergers  ne  sont  pas  des  pâtres 
d'Eglogues  comme  ceux  que  Théocrite  enten- 
dait chanter  aux  portes  de  Syracuse.  Ce  ne  sont 
pas  non  plus  des  faiseurs  d'idylles  d'après  les 
théories  de  Boileau  et  de  certains  délicats,  cri- 
tiques de  cabinets,  philosophes  de  salons  qui  ne 
goûtent  la  campagne  qu'à  travers  la  Pléiade  et 
VAstrée,  les  bergeries  sentimentales  du  XVIIIe  siè- 
cle ou  les  scènes  pastorales  de  Gessner  et  Florian  ; 
qui  veulent  en  un  mot  des  bergers  ayant  fait 
leur  toilette,  s'exprimant  élégamment,  que  l'on 
puisse  suivre  aux  champs  sans  crainte  de  se 
trouver  en  basse  compagnie  !  Les  chants  de  ces 
bergers  qui  ne  sont  pas  des  bergers,  ne  peuvent 
émaner  «  qu'un  parfum  écœurant  de  fausse  rus- 
ticité (0  ». 

Nos  bardes  rustiques  sont  pauvres,  mal  vêtus 
et  n'ont  aucun  lien  de  parenté  avec  les  Daphnis 
et  les  Corydon.  Ils  parlent  comme  on  parle  au 
village  ;  ils  s'appellent  Jeanniot,  Colin,  au  lieu 
de  Lycidas;  Margot,  Isabelle,  au  lieu  de  Philis. 
Ils  vivent  à  l'ombre  des  bois,  dans  le  soleil,  sous 
les  averses,  en  plein  champ,  les  pieds  dans  le 
terreau...  Ah  !  ce  ne  sont  pas  les  pastoureaux 
pomponnés  de  Boucher  ou  de  Fragonard  !  Leur 
langage  n'a  rien  de'  convenu,  d'apprêté,  de 
savant  dans  la  symétrie  ;  on  n'y  trouve  aucune 
formule.  Ils  ignorent  les  règles  de  la  prosodie  ; 
leurs  vers  sont  boiteux  ;  la  rime  est  pauvre, 
souvent  remplacée  par  une  simple  assonnance, 
et  des  liaisons  singulières  viennent  parfois  adou- 
cir i'hiatus...  ;  mais  toutes  ces  imperfections 
s'arrangent  fort  bien  avec  le  rythme,  la  cadence 
qui  leur  est  venue  naturellement,  en  même  temps 
que  le  chant. 


Ces  élégies  plaintives,  ces  idylles  d'une  sim- 
plicité évangélique  ont  la  grâce,  la  naïveté  des 
alternances  et  des  variations  de  la  musique 
primitive  : 

Faut- il  et'  si  prés  d'un  rosier 
Sans  y  pouvoir  cueillir  la  rose. 
Cueillez,  cueillez,  cher  émant,  cueillez, 
Car  c'est  pour  vous  qu'la  rose  éclose... 

Faut-il  et'  si  prés  d'un  ruisseau, 

Endurer  la  soif  que  j'endure  ! 

Beuvez,  beuvez,  cher  èmant,  beuvez, 

Car  c'est  pour  vous  que  l'ruisseau  coule...  (t) 

Ils  chantent,  ils  improvisent  sans  effort  ;  il 
semble  que  leur  rôle  soit  de  chanter  comme 
c'est  celui  de  la  source,  de  couler  ! 

Ceux  qui  composaient  jadis  de  si  jolies  chan- 
sons n'avaient  pas  cette  «  demi-vérité  »  que 
Sainte-Beuve  attribue  si  finement  aux  bergers 
de  Théocrite.  Ils  étaient  «  nature  »  !  Leur  réa- 
lisme épanoui  dans  le  charme  des  solitudes,  se 
traduisait  selon  leurs  impressions  de  gaieté  ou 
de  mélancolie,  mais  avec  une  vérité  entière  qui 
n'a  pas  pour  l'adoucir,  les  enchantements  de  la 
poésie  : 

J'entends,  j'entends  la  bergère  qui  chante 
A  la  voix  du  galant  Renaud. 
Je  me  suis  approché  d'elle, 
Comme  un  amant  fid(  le, 
J'ai  voulu  l'cmbrassci , 
Elle  m'a  bien  refusé. 

—  J'ai  six  cents  francs  dans  ma  valise, 
Belle,  si  tu  veux,  ils  seront  pour  toi. 

—  Si  vous  n'avez  que  six  cents  francs 

Gardez-les  donc  pour  vivre, 

Je  connais  ii  vos  yeux 

Que  vous  êtes  un  amoureux. 

—  Voyez,  voyez,  ma  joli 

Vos  moutons  qui  s'en  vont  au  blé, 

—  Allez  dont  les  virer, 

aoutons  a  ma  : 
1  ...  sque  vous  i  e>  iendi  ez 
Vous  serez  mon  bien-aimé. 

La  bergère  était  fille  fine, 

Du  cheval  s'en  est  approché, 
A  mis  le  pied  sin    l'en  iei 

El  la  main  à  la  bride, 
A  joui  de  l'éperon 

Comme  un  vaillant  dragon. 


(0  Paul  Albert  :  Li  Prose,  étude  sur  les  chefs-d'<cn\  rc 
des  prosateurs. 


(  i  )  Voir  aux  chanson 


—  Arrête,  arrête,  ma  jolie  bergère, 
Cet  honneur-là  ne  vous  appartient  pas  ! 

Vous  emmenez  mon  cheval, 

Mon  manteau,  ma  valise, 
Mon  or  et  mon  argent 

Qui  est  enfermé  dedans.  (i) 

Chez  eux,  le  génie  ne  prolonge  pas,  n'achève 
pas  la  nature.  Ils  n'altèrent  rien.  Ils  sont  comme 
un  écho  fidèle  des  sensations  qu'ils  éprouvent 
devant  la  nature. 

J'ai  quitté  mon  village 

Avec  mes  deux  sabiots 

Et  je  m'seus  mi<  en  gage 

Pour  garder  les  bestiaux. 

La  zigue, 

La  zigue, 

La  youf ! 

De  la  piau  de  ma  bête, 
Ça  s'ra  pour  ma  grand'-mère  ; 
Ça  s'ra  pour  ma  grand'-mère, 
Pour  y  faire  un  mantiau. 

La  zigue,  etc. 

De  la  queue  de  ma  bique 
J'en  frai  n'un  chalumiau 
Pour  fé  danser  ceux  filles 
A  ceux  printemps  nouviaux. 
La  zigue,  etc. 

Des  quat'  patt's  de  ma  bête, 
Je  m'en  frai  n'un  chapiau 
Que  j'mettrai  su  ma  tête 
Pour  fé  peur  aux  moiniaux. 

La  zigue,  etc. 

Comme  on  le  voit,  ils  n'ont  pas  subi  d'in- 
fluences littéraires,  ceux-là  !  Leur  école  fut  aux 
champs  et  la  plupart  ne  savaient  ni  lire  ni 
écrire.  Ils  ont  composé  leurs  bucoliques  en 
traçant  les  sillons  ou  en  gardant  les  troupeaux. 
Et  d'âge  en  âge,  de  chaumière  en  chaumière,  les 
paysans  se  les  sont  transmises.  Virgile  oubliait 
les  lassitudes  et  les  orages  de  la  vie  civilisée  en 
écrivant  ses  Géorgiques  ;  eux,  composaient  des 
chansons  pour  égayer  leurs  solitudes  ou  pour  se 
consoler  d'un  mal  secret,  sachant  que  le  meilleur 
remède  à  l'amour,  c'est  de  chanter  son  mal  : 

Cantet  amat  quod  quisque  levant  et  carmina  curas. 

Nos  bergers  n'ont  pas  pour  s'inspirer  les  dé- 
cors merveilleux  de  la  Sicile  ou  les  fraîches 
.vallées  de  la  Thessalie  ;  le  cadre  que  leur  offre 
la  province  berriaude  est  plus  restreint:  Ici,  c'est 
la  plaine  dénudée,  la  brande  sauvage,  un  canal 
avec  ses  lignes  droites    et  ses  courbes   où   se 


(i)  Le  Berger  Renaud  est  une  des  plus  belles  chansons 
berrichonnes  que  je  connaisse.  Je  l'ai  entendue  chanter 
une  seule  fois,  le  jour  du  Centenaire  de  George  Sand. 
M. m  cl  Prévost  >t  André  Theuriet  qui  se  trouvaient  là 
furent  enthousiasmés.  Malheureusement  je  n'ai  pu  noter 
l'air  pour  le  donner  dans  ce  recueil, 


succèdent  les  petits  bateaux  lents  des  mariniers; 
là,  c'est  un  étang,  un  marécage  avec  ses  joncs 
et  sa  pestilence  ;  plus  loin,  une  vieille  tour  féo- 
dale se  détachant  sur  la  ligne  bleue  d'une  forêt 
de  chênes.  Cela  suffit  à  leur  esprit  contemplatif. 
Du  reste,  leur  imagination  ne  va  pas  chercher 
plus  loin  que  les  limites  du  clocher  ;  leur  regard 
n'aspire  pas  à  s'étendre  par-delà  l'horizon  cou- 
tumier.  A  leurs  pieds,  la  «  traine  »  étale  son 
tapis  de  verdure  ;  derrière  eux,  dans  la  «  bou- 
chure  »  fleurie,  l'ormeau  dresse  sa  grosse  tête 
hirsute  et  le  «  croisier  »  offre  ses  petites  pom- 
mes d'amour.  En  face,  la  colline  enfle  son  dos 
hérissé  de  vignes  d'or...  Les  yeux  emplis  de  ce 
paysage  familier,  le  cœur  baigné  dans  cette 
atmosphère  sereine,  nos  aèdes  champêtres  écou- 
tent leurs  souvenirs  et  se  laissent  aller  à  leur 
inspiration.  Un  chant  s'élève  alors  dans  le  silence 
des  campagnes,  harmonieux  comme  le  murmure 
du  vent  dans  les  feuilles,  comme  le  chant  du 
rossignol  lui-même  : 

I. 

Je  me  suis  endormi, 

Leri, 
A  l'ombre  sous  un  pin, 

Lerin. 
Au  bois  rossignolet, 
Au  bois  rossignolet. 

II. 
Si  j'ai  pris  mon  coutiau, 

Lero, 
La  branche  j'ai  coupé 
Au  bois  rossignolet,  etc. 

III. 
C'est  pour  en  faire  un  fla 

Lera, 

Geollet 

Léré, 

Gentil 

Leri. 
Au  bois etc. 

IV. 

Je  m'en  vais  en  Butant 

Leran, 
Le  long  de  mon  chemin 

Lerin, 
Au  bois etc. 

V. 

Ah  !  devine,  fit-il, 

Leri, 
Ce  que  dit  mon  Hutiau, 

Lero, 
Au  bois etc. 

VI. 

Il  dit  qu'il  faut  aimer 

Léré, 
La  fille  à  ton  voisin, 

Lerin, 

Au  bois etc. 


vu. 

Et  qu'il  faut  l'aller  voir 

Leroir, 
Le  soir  et  le  matin 

Lerin, 
Au  bois etc.  (i) 

Autrefois,  quand  la  nuit  descendait  sur  les 
campagnes,  la  nuit  déjà  frileuse  d'automne,  tous 
les  gens  des  chaumières  éparses  au  milieu  des 
terres  se  rendaient,  munis  d'une  lanterne  et  d'un 
bâton,  chez  le  plus  ancien  du  voisinage  où  l'on 
faisait  «  charibaude  »  :  c'est  ainsi  qu'on  dési- 
gnait la  veillée  en  plein  air  autour  des  grands 
feux.  Les  «  drolières  »  filaient  leurs  quenouilles 
et  les  laboureurs  tressaient  des  corbeilles  ou 
«  chapusaient  *  des  manches  «  d'éplettes  »,  tan- 
dis que  les  vieillards,  qui  aimaient  finement 
parler,  contaient  des  histoires  que  tous  écoutaient 
religieusement  pour  les  redire  plus  tard  aux 
autres  générations.  Cette  veillée  familiale  avait 
lieu  dans  un  carrefour,  au  milieu  d'un  vieux 
chemin  empierré,  ancienne  voie  romaine,  à  l'orée 
d'un  bois.  Les  jolies  légendes,  les  douces  chan- 
sons qu'ils  apprenaient  là,  ces  jeunes  gars  dont 
les  cheveux  blonds  et  les  robustes  épaules  rap- 
pelaient la  force  et  la  beauté  des  races  celti- 
tiques  ! 

C'était  la  Cil'  d'un  prince, 
Tra  la  la  la  la  la  la 

la  la  la  1ère 
Tra  la  la  la  la  la  la  ! 
C'était  la  fill'  d'un  prince 
Grand  matin  s'est  levée  (bis).    (2) 

C'est  en  tricotant  ou  en  ravaudant  des  «  chaus- 
ses »,  tout  en  surveillant  son  troupeau,  que 
l'Annette,  la  Marie-Jeanne  ou  la  Claudie  chan- 
tent ce  qu'elles  ont  entendu  à  la  charibaude. 

Comment  voulez-vous, 

Comment  voulez-vous 

Que  l'on  file  ! 

On  ne  peut  pas  toujours  filer  ! 


(1)  Cette  exquise  chanson  est  relatée  dans  la  Revue  du 
Btrry  et  du  Centre.  Je  l'entendis  chanter  un  jour  par  un 
commensal  de  Xohant,  du  vivant  de  M'""  Lina  Sand 
Edmond  Plauchut,  qui  se  trouvait  là.  m'affirma  qu'elle 
était  bien  du  Bas-Berry. 

(2)  Voii  plus  loin  aux  chansons. 

Je    ne  donnerai    pas    cette   «  chanson    de    matelot   ». 
La    /'sue  d'un    Prince,    cette    vieille    ballade    qui   semble 
remonter  au  temps  des  cours  d'amour  comme  étant  d'ori- 
gine purement  berrichonne,  bien  qu'elle   se   chanti 
nous  depuis  de  nombreuses  années.  M  Maurice  Duhamel 
a   donné   dans    les   9*   et    lo"   fascicules   des   C/i.in 
France,  éditées  chea  Rouan,  seize  versions  de  «  l'Embar- 
quement de  la  bile  aux  chansons  >.  Plusieurs  vers  sont 
communs  avec  la  version  que  nous  présentons,  mais  l'air 
est  très  différent.   Notre  thème  se  rapprochi 
celui  des  Alpes,  du  Vivarais  et  du  Nivernais. 


Et  la  pensée  de  la  bergère  s'envole  tout  droit 
vers  son  berger  : 

N'y  a  rien  d'aussi  charmant 

Que  la  bergère  aux  champs...  etc.     (1) 

Parfois,  les  bergers  se  répondent  comme  les 
coqs,  de  hallier  en  hallier,  mais  le  plus  souvent, 
rêveurs  et  solitaires,  ils  chantent  pour  eux  seuls, 
tout  entiers  à  leurs  sentiments  intérieurs  ou  à  la 
félicité  des  champs  : 

Et  voici  le  printemps,  que  la  saison  est  belle...  etc.  (2) 


t  1  Voir  aux  chansons.  Je  connais  trois  versions  ber- 
richonnes de  cette  chanson  :  l'une  de  M.  Augras,  de 
Châteauroux  :  l'autre  d'un  anonyme  et  la  troisième  de 
M.  Huret,  de  Bourges,  qui  l'a  arrangée  pour  la  musique 
des  sapeurs-pompiers  ! 

Cette  chanson,  que  nous  retrouvons  dans  la  Mare  au 
Diable  de  G.  Sand  et  les  Noces  de  campagne  en  Berry  par 
Ribault  de  Laugardière,  fut  publiée  chez  Pion  et  Nourrit, 
sous  la  direction  de  Catulle  Mendès,  dans  un  recueil 
intitulé  :  Les  plus  jolies  chansons  de  France.  Elle  fut  classée 
comme  chanson  angevine  (?).  La  recherche  de  la  pater- 
nité des  anciennes  chansons  nous  semble  une  chose  fort 
épineuse  Plusieurs  ont  une  origine  commune.  Chaque 
province  a  -es  colporteurs,  ses  commis-voyageurs  de  la 
chanson.  Chacun  garde  celles  qui  lui  plaisent  et  les 
adapte  a  son  génie  propre,  à  son  patois,  à  son  tempéra- 
ment. Nous  sommes  d'ailleurs  assez  riches  en  vieilles 
chansons  berriaudes  sans  nous  débattre  pour  quelques- 
unes  qui  auront  fait  envie  à  d'autres  provinces  ! 

Les  commentateurs  sont  nombreux  comme  nous 
l'avons  déjà  dit  au  omi  s  de  cette  étude,  mais  nous  crai- 
gnons qu'ils  manquent  de  patience  pour  reconstruire  et 
démêler  parmi  cinquante  versions  plus  ou  moins  altérée-, 
en  passant  d'un  village  à  un  autre,  quels  sont  et  le  texte 
primitif  et  la  provenance  exacte,  —  car  ce  que  l'on  nous 
donne  pour  du  «berrichon*  vient  souvent  de  Touraine, 
de  Bourgogne  ou  de  Bretagne  !...  «  J'ai  retrouvé,  dit 
(i  Sand,  dans  la  mémoire  des  chanteurs  rustiques,  plu- 
sieurs romances  et  ballades  exactement  traduites  en  vers 
naïfs  et  bien  berrichons,  des  texte-  bretons  publies  pal 
M.  de  la  Ville-marqué  ». 

Revendiquerons  non-  la  propriété  de  ces  créations  et 

dirons-nous  quelles  ont  été  traduites  du  berrichon  dans 

1.1  langue  bretonne-  Non  !  Elles  portent  clairement  leur 

brevet   d'origine  en  tète.   En  revenant  de  Nantes...  et  ail- 

Ma  famille  d 

En  s,, mine,  il  ne  tant  pas  se  plaindre  de  cette  rivalité 
de-  provinces  sur  la  priorité  des  vieil!  ;     Cela 

prouve  combien  elles  son!  précieuses,  «C'est  a  Lyon  que 

la    chanson    est    née»,   dit    M     Georges    DrOIH    dan-   la 

•  . .-.  1     u\  -  ,  1  ditem    Lyon    .  -  <  'esl  <  n  lirc- 
.  .lu  M    eh    1.1  Villemarqué  ;  <  C'est  en  B 

gne  !  >    s'écrie    Pertiault.  Auquel   entendre  !    Moi  je  dis  : 

chansons  le-  plus  Iran- 

rge  de  toute   invasion!  » 

is-nous  donc   d'accord,  et  disons  que  la  chanson 

e-t  tille  de  France  ! 

1 2  )  Cette  chanson  qui  a  pour  refrain  : 

Le  bon  vin  m'endort,  mais  Vamout  me  réveille. 
nous  a  parue  un  peu  leste  pour  que  nous  la  donnions 
dans  ce  recueil  maigre  son  incontestable  beauté,  Cante- 
loube  de  Malarel  en  a  donne  une  version  auvergnate 
dans  la  revue  «les  *  Chansons  de  France  >  sous  ce  titre  : 
.-  fa>  /'.m-.  On  la   trouve    également   consignée 


Il  semble  bien  que  l'amour  soit  le  principal 
sentiment  dont  l'âme  du  berger  soit  agitée. 
Quelquefois,  cependant,  il  nous  donne  le  résultat 
de  ses  contemplations  devant  les  beautés  de  la 
nature  en  y  mêlant  les  menus  incidents  dont 
son  existence  est  faite  ;  mais  le  plus  souvent  il 
n'est  question  que  de  rendez-vous  et  de  serments 
amoureux  : 

Là-haut,  sur  la  montagne, 
Il  y  a  trois  jolies  filles. 

Y  en  a  une 
Qu'était  la  plus  jolie, 

C'est  le  tendeur 
Qui  va  lui  parler  d'amour. 

Où  iras-tu  bergère, 
Demain  z'au  soir  aux  champs, 

Ah  !  oui,  j'irai 
Là-haut,  sur  ces  montagnes, 

Dans  ces  vallons, 
Conduire  mes  blancs  moutons,  (i) 

Voici  encore  la  chanson  de  la  Sage  Isabeau, 
chanson  à  deux  voix,  que  le  marquis  de  la  Brande 
publia  jadis  dans  le  Réveil  de  la  Gaule  : 

Yénard.  —  Je  viens  l'y  voir  belle  Isabeau, 

Je  viens  t'y  voir  en  ce  printemps  nouviau. 
Je  viens  t'y  voir  ici  dans  ces  lieux, 
L'éclair  de  tes  beaux  yeux 
M'a  rendu  amoureux. 
Belle  bergère,  viens  t'en  ! 

Isabelle. —  Monsieur,  finissez  vos  cancans, 

Monsieur,  vous  perdez  votre  temps. 

Je  suis  bergère, 

Je  suis  grossière. 
Je  suis  bergère  en  vérité, 
Sans  esprit,  sans  beauté, 

Sans  avoir  mérité 

Monsieur,  vos  qualités. 

Yénard.  —  Bergère,  si  tu  voulais  m'aimer, 
Tu  les  aurais,  mes  amitiés. 

Plutôt  que  d'être 

Sur  ces  champs,  paître, 
Plutôt  que  d'être  exposée  au  vent, 

A  la  rigueur  du  temps, 

Mon  carrosse  t'attend, 
Belle  bergère,  viens  t'en  ! 

Isabelle. —  De  vos  carrosses  et  de  vos  chevaux, 
Monsieur,  vous  n'avez  rien  de  beau, 

Rien  ne  me  tente, 

Je  suis  contente 
De  mes  amours.  En  guidant  mon  troupeau, 
En  tournant  mon  fuseau, 
En  chantant  des  airs  nouveaux. 


YÉNARD. 


Adieu  donc,  la  belle  sans  pitié, 
Puisque  tu  ne  veux  point  m'aimer. 


dans  un  livre  de  François  Fertiault  avec  ce  titre  :  Branle 
Bourguignon.  La  «Romania»  la  retrouve  dans  le  Haut- 
Forez,  le  comte  Jaubert  dans  le  Centre.  Elle  est  dans  le 
Rival  (Puymaigre),  dans  l'Amant  consoli  (Beadé)  et  dans 
le  Fils  du  Cordonnier  (Bujeaud). 

(i)  La  chanson  de  Tranziaux. 


Adieu  méchante, 
Mal  obligeante. 

Isabelle. — Adieu,  smondeur,  trompeur. 
Cajoleur,  sans  honneur, 
Qui  voudrait  sur  mon  cœur, 
Jouir  de  mes  faveurs. 

A  force  d'entendre  chanter  l'amour  à  la  sai- 
son où  l'aubépine  est  en  fleurs,  quoi  d'étonnant 
si  les  petits  oiseaux  nous  régalent  aussi  de  leurs 
concerts  amoureux  ?  C'est  du  moins  ce  qui  est 
arrivé  dans  les  environs  d'Issoudun  aux  P'tits 
oiseaux  de  Toutifaut. 

Il  était  un  p'tit  jaunet 
Qui  voulait  s'y  marier, 
Qui  n'avait  pas  dequoué. 

Et  moun  alouette, 

Ma  torlorizète, 
Sont  les  p'tits  oiseaux 
De  Toutifaut. 

Dieu  merci,  passe  un  grand  chien, 
Sur  ses  reins  il  porte  un  pain 
Et  moun  alouette,  etc. 

Dieu  merci,  j'avons  du  pain, 
Du  fricot,  j'en  avons  pas. 
Par  ici  pass'  le  corbeau, 
Sur  ses  reins  porte  un  gigot. 

Et  moun  alouette,  etc. 
Dieu  merci,  j'ons  du  gigot, 
Mais  du  vin  j'en  avons  pas. 
Par  ici  pass'  la  souris, 
Sur  ses  reins  porte  un  baril. 

Et  moun  alouette,  etc. 
Dieu  merci,  j'ons  ben  du  vin, 
D'cormeluzeux  j'avons  pas. 
Par  ici  passe  un  grous  rat, 
Sa  cormelus'  sous  son  bras. 

Et  moun  alouette,  etc. 
Dieu  merci,  via  l'cormuseux, 
Les  danseux  v'nont  toujou  pas, 
Par  ici  pass'  la  guernouille 
En  souliers  et  en  pantoufes 

Et  moun  alouette,  etc.         (i) 

La  cadence  légère,  le  rythme  sautillant  de 
bourrée  se  change  parfois  en  complainte  avec 
les  lamentations  de  la  bergère  attendant  son 
promis  parti  au  régiment.  Elle  avait  le  temps 
de  soupirer,  car  le  service  militaire  en  ce  temps- 
là  était  de  sept  années  ! 

Y  aura  bentôt  six  ans,  au  printemps, 
Que  j'ai  pas  vu  mon  galant. 
Il  s'est  engage  au  service  du  roi, 
Ne  pensant  plus  à  moi. 
Et  mon  plus  grand  desespoir, 
C'est  de  ne  pas  savoir 
Quand  j'pourrai  le  revoir.  (2) 

Elle  reprend  pourtant  courage  et  se  console 
en  regardant  les  fleurs  et  en  écoutant  les  oiseaux. 


(1)  Cette  chanson  .1  parue  dans  le  Réveil  dt  U  Garnit 
avec  quelques  variantes,  sous  la  signature  de  P.de  la  Loje. 

(2)  Voir  aux  chan 


C'est  mon  barger, 

Ah  !  qu'il  est  donc  volage  ! 

Mais  le  printemps  va  me  le  ramener, 

J'aime  à  entendre  son  doux  langage. 

C'est  avec  ça  qu'il  a  su  me  charmer. 

J'irai  dans  mon  jardin 
Cueillir  du  romarin. 
Le  soir  et  le  matin, 
Et  puis  j'entendrai 
Le  rossignol  chanter 
Et  je  me  consolerai. 

Mais  il  arrive  parfois  qu'avant  ce  temps  un 
noble  seigneur  des  environs,  propriétaire  de  la 
métairie  où  elle  est  en  condition,  fatigué  de  la 
chasse,  vient  lui  conter  fleurette  : 

En  chassant  dedans  ce  bois, 

Charmante  bergère, 
Je  viens  m'asseoir  auprès  de  toi. 

Dessus  la  fougère. 
Laisse  paître  ton  troupeau 
Sur  la  tendre  herbette. 


Je  voudrais  te  dire  un  mot, 
Un  mot  d'amourette..... 

Elle  se  laisse  éblouir  par  ses  promesses,  se 
laisse  tenter  par  l'anneau  d'or  ou  les  écus  qu'il 
lui  offre  et  la  pauvre  fille  ne  rêve  plus  que 
«  titres  de  noblesse  »  ;  elle  se  voit  déjà  comtesse 

ou  marquise et  laissant  là  sa  «  quenouillette  », 

elle  monte  en  croupe  derrière  le  «  beau  cava- 
lier »  !  Cela  nous  gâte  un  peu  notre  bergère, 
mais  les-  rois  autrefois  n'épousaient-ils  pas  les 
bergères  ? 

«  Et  c'est  un  délice,  écrit  notre  maître  sculp- 
teur Jean  Baflîer,  que  de  retrouver  cet  accent 
du  terroir  de  France,  cet  art  sain,  fleurant  bon 
le  thym,  la  marjolaine  et  qui  fait  penser  aux 
superbes  frondaisons  des  grands  bois,  à  l'alouette 
qui  s'élève  dans  le  plein  air  des  champs,  au 
noble  labeur,  aux  glorieuses  semailles,  aux  belles 
moissons,  aux  magnifiques  pressées,  aux  amours 
robustes  et  saines  ». 


IV 


Les  Chansons  de  Conscrits 


ous  le  Premier  Empire,  les  «  chan- 
sons guerrières  »  eurent  un  regain 
de  popularité.  Les  vieux  débris 
d'Austerlitz  et  de  Wagram  en  rap- 
portèrent un  stock  dans  leurs 
fovers.  Elles  avaient  comme  signa- 
ture, la  glorieuse  auréole  des  champs  de  bataille. 

Au  cours  du  règne  de  Charles  X,  on  chantait 
encore  ces  chansons;  seulement,  on  substituait 
le  mot  «  roi  »  au  mot  «  empereur  »  et  l'on 
prenait  Alger  comme  on  avait  pris  Saragosse, 
sans  changer  de  refrain  ! 

Il  est  beaucoup  plus  aisé  de  reconstituer 
l'origine  des  chansons  du  Second  Empire.  Celles 
qui  nous  sont  restées  portent  bien  l'empreinte 
locale. 

Le  corps  d'élite  des  grenadiers  de  la  Garde 
Impériale  de  Napoléon  Ier,  rétabli  sous  Napo- 
léon III,  reçut  le  baptême  du  feu  en  Orient  et 
se  couvrit  de  gloire  en  Crimée.  Ce  sont  les 
«  bonnets  à  poils  »  ces  fameux  «  guernadiers  », 
qui  menèrent  nos  chansons  au  pas  de  charge, 
sous  la  mitraille  russe  à  l'Aima,  Sébastopol, 
Balaclava,  Inkermann  et  Malakoff!  Elles  s'en- 
volent ensuite  en  Italie.  On  les  retrouve  sous 
le  feu  des  batteries  autrichiennes  à  Palestro. 
Elles  passent  la  Sesia  avec  Canrobert  et  foncent 
avec  les  baïonnettes  françaises  sur  les  troupes 
de  Giulay  à  Magenta  et  sur  celles  de  François- 
Joseph  à  Solférino  ! 

Elles  ont  soutenu  le  moral  du  soldat,  ces 
chansons,  lorsqu'il  couchait  sur  la  terre  glacée 
des  bivouacs  et  n'avait  pour  toute  nourriture 
que  le  «  pain  noir  d'amounition  !  » 

La  Chanson  des  Gars  de  La  Chaire  nous 
dévoile  dans  sa  rude  naïveté  toutes  les  horreurs 
de  la  guerre  et  parmi  les  éclairs  et  la  fumée  des 
combats,  comme  sur  une  toile  de  fond,  se  déta- 
chent —  précieux  mirages  !  —  le  clocher  du 
village,  l'humble  maison  où  les  vieux  parents 
attendent,  où  quelque  jolie  fille  ■en  coiffe  pleure 
une  si  longue  absence,  mais  espère  toujours  ! 

La  2me  légion  de  l'Indre  se  souvient  de  la 
vieille  chanson  démarche  qui  conduisit  ses  aines 
à  la  victoire,  et  sous  les  balles  prussiennes  en  70, 
elle  la  chantait  encore. 


Autrefois,  le  départ  des  conscrits  était  un 
grand  événement  dans  la  vie  des  campagnes. 
La  France,  presque  toujours  en  guerre,  ceux 
qui  «  partaient  pour  leur  sort  »  n'étaient  pas 
bien  sûrs  de  revoir  les  «  chers  parents  »,  la  Ro- 
salie, la  Françoise  ou  la  Virginie  !  Les  complain- 
tes abondent  sur  ce  sujet  : 

Adieu  donc  ma  Manon,  j     ,. 

Ah  !  je  m'en  va-t'en  guerre 
En  ceux  pavs,  ben  loin,  pour  servir  le  Roi. 
Ah  !  ma  Manon,  qu'j'ai  du  regret  ! 

Si  tu  t'en  vas  galant  )       . 

Écris-moi  z'une  lett'e  ) 

Écris-moi  la  ben  vite  et  promptement 
Mon  ch'iit  cœur  y  sera  content...  etc. 

ou  bien  encore  : 

Virginie,  ma  Virginie. 
Virginie  les  larmes  aux  yeux 
Je  viens  te  fair'  mes  adieux, 
Nous  en  vont  droit  au  couchant...  etc. 

Mais  le  tambour  bat,  le  clairon  sonne  ;  le 
conscrit  relève  le  front,  se  met  au  pas,  et,  der- 
rière les  plis  du  drapeau,  il  s'en  va  où  le  Devoir 
l'appelle  : 

La  bell'  si  nous  partons, 

C'est  la  Loi  qui  l'ordonne, 

La  bell'  si  nous  partons, 

Servir  Napoléon...  etc.  (1) 

Les  uns  s'en  vont  en  Chine,  les  autres  partent 
pour  l'expédition  du  Mexique  : 

Je  viens  te  faire  nus  adieux 

Les  larmes  aux  veux,  ma  Rosalie 

Je  vais  partir  pour  l'Amérique. 

Pour  moi.  c'est  un  bien  triste  sort. 

Cela  causera  ma  mort. 

le  ne  regrette  que  Rosalie  :  V-'ï 

Rosalie,  navrée  de  voir  partir  son  galant  se 
fait  religieuse.   Elle  est  moins  romanesque  que 


(1)  Voir  aux  chansons. 

(2)  On  remarquera  combien  ce  couplet  ressemble  à 
celui  île  Virginie,  cité  plus  haut.  N'est-ce  pas  la  même 
chanson  avec  une  version  différente!  Le  marquis  de  la 
Brande  a  donne  cite  dernière  en  entier  avec  notation, 
.Lux  le  Réveil  de  la  Gaule  et  M.  Henry  Gay  a  de  son 
côté  recueilli  celle  de  Virginie  dans  la  Revue  du  Berry  et 
du  Centre  sans  notation  toutefois,  ce  qui  ne  nous  permet 
pas  de  juger  exactement. 


13    — 


la  Belle  Angélique  qui  s'habille  en  garçon  pour 

suivre    son    beau     grenadier  ! Lorsque    les 

«  bombes  et  les  boulets  »  les  avaient  épargnés, 
et  qu'ils  revenaient  au  pays,  que  de  changements 
dans  la  métairie,  que  de  tristesses  aussi,  parfois, 
ies  attendaient  : 

Le  jeun'  garçon  s  en  va 
Tout  dret  de  chez  son  père  : 
Bonjour  chers  père  et  mère. 
Frères,  sœurs,  chers  parents  ! 
Je  viens  voir  ma  Françoise, 
Que  mon  cœur  aime  tant  ! 

Son  père  y  lui  répond 
D'un  air  tout  en  tristesse  : 
Françoise,  ta  Françoise, 
François'  n'est  plus  ici  ! 


Son  corps  il  est  en  terre, 
Son  àme  au  Paradis  ! 

Quelques-uns  revenaient  avec  un  membre 
de  moins  bien  souvent,  mais  la  croix  épinglée 
sur  leur  capote  grise  : 

Ali  !  que  dira  ma  bonne  et  tendre  mère 
En  me  voyant  cette  croix  ?    (bis) 
Tu  lui  diras  :  ma  bonne  et  tendre  mère, 
Regarde  la,  mais  ne  la  touche  pas  !...  etc. 

Quelle  que  soit  la  gloire  qui  s'attache  à  ces 
épopées,  nous  préférons,  à  l'accompagnement 
des  balles  et  des  boulets,  pour  nos  «  chansons 
guerrières  *,  le  ronflement  joyeux  des  vielles  et 
des  cornemuses  relevant  le  pas  d'un  peuple 
pacifique  qui  suit  ses  maîtres-sonneurs  dans  la 
radieuse  ensoleillée  d'une  belle  fête  berriaude  ! 


99***999999999999911191 


Les  Chansons  de  Noces 


'il  est  un  acte  de  la  vie  qui  appelle 
la  chanson,  c'est  assurément  le 
mariage.  Aussi,  les  Berrichons,  gens 
d'un  naturel  plutôt  enjoué,  mar- 
quent-ils d'un  refrain  chacune  des 
phases  de  cette  cérémonie.  Au 
début,  ce  sont  de  langoureuses  mélopées  sur 
l'amour,  la  fidélité,  de  mélancoliques  pastorales 
dont  l'accent  convient  aux  rythmes  chevrotants 
de  la  vielle  et  de  la  cornemuse  ;  puis,  le  couplet 
s'anime,  se  colore  —  dirait-on  —  aux  reflets  du 
vin  ;  le  diapason  s'élève  au  retour  de  la  mairie 
et  de  l'église,  la  joie  de  vivre  exulte  pendant 
le  repas  et  la  romance  et  l'idylle  se  terminent 
presque  toujours  par  des  odes  bachiques,  des 
chansons  licencieuses.  C'est  que  l'ancêtre  berri- 
chon affectionnait  le  sel  gaulois,  la  grosse  plai- 
santerie et  ne  reculait  pas  devant  le  mot. 
Certaines  de  nos  vieilles  chansons  populaires, 
parmi  les  plus  belles,  sont  choquantes,  il  est 
vrai,  mais  moins  dangereuses  pour  la  morale  que 
la  plupart  des  chansons  modernes  qui  ne  se 
couvrent  de  voiles  que  pour  mieux  souligner 
le  vice. 

Les  noces  de  campagne  ont  beaucoup  perdu 
de  leur  pittoresque.  Je  n'irai  pas  jusqu'à  évoquer 
le  souvenir  de  nos  arrière  grand'mères  qui  — 
les  voies  de  communication  n'existant  pas  à 
l'époque  —  se  rendaient  aux  noces,  en  croupe, 
derrière  les  cavaliers  montés  sur  de  lourds  che- 
vaux de  domaine  que  précédait  un  joueur  de 
cornemuse,  dont  la  pacifique  monture  semblait 
marquer  de  sa  tète  dodelinante  la  cadence  des 
airs  rustiques  que  celui-ci  leur  jouait  pour 
égayer  la  longueur  de  la  route...  Je  rappellerai 
simplement  ces  cortèges  composés  de  paysans  à 
l'allure  un  peu  traînante,  en  blouses  neuves  et 
claquantes,  donnant  le  bras  à  leurs  compagnes  si 
naïves  et  si  pures  sous  la  coiffe  plate  à  fond 
brodé,  le  fichu  à  fleurs  chastement  croisé  sur 
les  seins,  en  cotillons  courts  et  souliers  plats, 
comme  la  laitière  du  bon  La  Fontaine  ! 

Vielles  et  cornemuses  ouvraient  la  marche 
avec  les  Adieux  de  la  Mariée,  dont  le  ton  lar- 
moyant répondait  à  la  tristesse  de  la  mère  qui 
voit   sa  fille  quitter   la  maison,  sa   fille,  cette 


jolie  mariée  qui,  grave,  les  yeux  baissés,  s'avan- 
çait vers  le  seuil  de  l'église  en  filant  les  aiguil- 
lées de  chanvre  fin  dont  sa  quenouille  était 
garnie... 

Aujourd'hui,  le  paysan  a  perdu  le  sens  de  ces 
choses  simples  et  pourtant  si  poétiques!  Il  suit... 
le  Progrès  !  Et  ce  n'est  pas  à  son  avantage  :  le 
marié,  (figé  comme  un  mannequin  dans  une  re- 
dingote de  confection,  coiffé  d'un  melon  ou  d'un 
haut  de  forme,  ses  mains  épaisses,  crevassées 
aux  mancherons  des  charrues,  emprisonnées 
dans  des  gants  blancs,  son  cou  bronzé  par  les 
soleils  de  juillet  et  les  vents  de  galerne,  serré 
dans  un  carcan  de  toile  amidonnée)  donne  le 
bras  à  la  mariée  affublée,  comme  une  bour- 
geoise, de  falbalas  qui  balayent  le  sentier  boueux, 
derrière  la  clarinette  et  le  piston  ! 

De  toutes  nos  coutumes,  les  plus  ridicules 
sont  restées.  Ainsi,  lorsque  le  dernier  enfant 
d'une  maison  se  marie,  on  fait  brûler  le  balai. 
On  va  même  chez  les  voisins,  et  chaque  balai 
que  l'on  trouve,  on  le  jette  impitoyablement  au 
feu.  C'est  évidemment  un  symbole  ;  mais  le  sens 
nous  en  échappe.  Le  jour  du  mariage  de  sa  fille, 
le  paysan  allume  dans  sa  cour  un  grand  feu  de 
joie  au  milieu  duquel  —  et  différemment  suivant 
les  endroits  —  on  jette  soit  le  bonnet  de  la  ma- 
riée, soit  le  «  coeffion  »  de  la  belle-mère  et  le 
chapeau  du  «  vieux  ».  Chaque  invité  est  ensuite 
tenu  de  sauter  par-dessus  le  brasier.  Cela  chasse 
les  sorciers,  parait-il  !... 

Puisque,  comme  un  torrent  dévastateur,  le 
ProgTès  a  emporté  ce  qu'il  y  avait  de  plus  gra- 
cieux dans  nos  campagnes,  ne  parlons  que  du 
Passé. 

A  la  fin  de  la  Mare  au  Diable  (  i  ),  George  Sand 
nous  décrit  le  mariage  de  Germain  et  de  la  pe- 
tite Marie  avec  toutes  ses  coutumes  et  solenni- 
tés. Cette  femme  illustre  connaissait  si  bien  le 
Berry  qu'il  est  difficile  de  glaner  après  elle  quel- 
que trait  que  sa  plume  vivante  et  avertie  ait 
laissé  passer  ;  au  point  que  si  parfois  nous  nous 
flattons,  dans  notre  orgueil  de  publiciste,  d'avoir 
été  les  premiers  à  noter  une  particularité  dans 


(i)  Cf.  George  Sand:  Zj  Mare  au  Dia>>U.  Appendice. 


15  — 


les  mœurs  de  nos  compatriotes,  nous  nous 
apercevons,  en  feuilletant  George  Sand,  que,  là 
encore,  nous  avons  été  devancés  ! 


C'est  pour  vous  fair'  la  demande 

D'vout'  Margot  pour  nout'  Jeanniot.  (bis)    (i) 

On  chante  encore,  à  peu  près  sur  le  même 


Dès  qu'un  garçon  avait  des  «  vues  »  sur  une 
«  blonde  »,  il  allait  déposer  à  sa  porte  une  touffe 
d'aubépine  fleurie  enguirlandée  de  rubans  et  de 
dentelles.  Cela  s'appelait  «  planter  le  mai  ».  Si 
le  garçon  ne  plaisait  pas  à  la  blonde  et  que  celle- 
ci  reçut  ses  avances  d'une  façon  trop  mal  gra- 
cieuse, le  galant  évincé  se  vengeait  en  remplaçant 
le  mai  par  un  fagot  d'épines.  Cette  coutume  dé- 
généra en  facéties  d'un  goût  douteux  :  aux 
portes  des  vieilles  tilles,  on  mit  une  branche  de 
saule  pleureur  avec  des  bottes  d'oignons  !... 

Le  valet  de  ferme  qui  pousse  la  charrue  à  tra- 
vers les  grandes  plaines  de  l'Indre,  le  berger  qui 
garde  les  troupeaux  dans  les  «  verdiaux  » 
hérissant  les  bancs  de  sable  où  le  Cher  promène 
son  cours  capricieux  en  hiver,  se  trouvent  par- 
fois très  éloignés  des  fermes  où  les  «  blondes  » 
qu'ils  espèrent  sont  en  condition.  Alors,  en  atten- 
dant l'assemblée  ou  la  foire  du  chef-lieu  de 
canton  qui  les  mettra  en  présence,  ils  trompent 
leur  ennui  en  chantant  des  mélopées  profondes 
tout  imprégnées  de  leurs  tendresses  et  de  la  mé- 
lancolie des  solitudes.  Les  filles,  de  leur  côté, 
ne  sont  pas  moins  impatientes.  L'ironie  locale 
se  mêle  parfois  à  l'idylle  : 

Dans  l'bourg  de  T'vet,  en  vérité, 
Ya  des  demoisell's  nui  veul'nt  se  marier. 
Elles  porten.  des  manchettes, 

Des  coiffes  de  dentelles 
Et  des  p'tits  souliers  mignons 
Pour  plaire  à  ceux  g?-çons....  etc. 

Leurs  mères  vont  les  chercher  au  bal  et  les 
traitent  de  «  libertines,  coureuses  de  ville  »,  en 
voyant  leurs  mouchoirs  chiffon  es  et  leurs  bon- 
nets de  travers.  Mais  les  filles  tombent  malades  ; 
elles  ont  des  «  mal  de  tête,  en  danger  d'en 
mouri...  »  Vite,  on  va  quérir  les  «  grands  méde- 
cins de  ville  »  qui  diagnostiquent...  le  désir 
qu'elles  ont  de  se  marier  ! 

Enfin  les  partis  so~>t  tombés  d'accord,  les 
parents  vont  faire  la  Demande  en  mariage  (i)  : 

Bonjou  don  la  compagnie, 
Bonjou,  bon. ou,  enter  tous 
Pé  Colas,  maîtress'  jolie 
Et  lés  auf  tertou,  itou. 
J'v'nons  vous  voir  tout'  c'te  bande 
Et  j'venons  si  bin  si  biaux 


—  Bonjou,  métresse  Jeannette, 
Vout  servante  Améliora  ! 
Vlez-vous  marier  Catorette 
A  nout'  garçon  Nicolas? 
Y  s'entend  ben  au  commarce, 
C'est  lui  qui  vend  nos  naviots, 
S'exarce  à  tirer  les  vaches 
A  dounner  d'ia  paille  aux  viaux. 

C'est  pas  pour  vanter  nout'  fille 
Ni  minm'  pour  en  dir'  du  bin. 
Mais  c'est  qu'aile  est  ben  gentille 
Et  qu'a  sait  ben  faire  el  pain. 
Et  d'sa  main  qui  n'est  point  bête, 
A  distingu'  fort  aisément, 
Un'  culotte  à  un'  grand'colte  ; 
C'est  deux  habits  différents,  etc..  (2) 

La  veille  du  mariage  a  lieu  la  présentation  des 
livrées  :  on  désigne  ainsi  tous  les  cadeaux  de 
noces,  vêtements,  bijoux,  articles  de  toilette,  etc. 
Ceux  qui  sont  chargés  de  les  offrir  à  la  mariée 
se  rendent  chez  elle  en  chantant  des  airs  de 
circonstance  qu'accompagnent  les  ménétriers. 

Arrivés  devant  la  porte  de  la  jeune  fille,  ils  la 
trouvent  solidement  fermée  au  verrou.  Alors,  dit 
George  Sand,  une  lutte  lyrique  commence  entre 
les  chanteurs  du  marié  et  ceux  de  la  mariée, 
car  elle  aussi  a  ses  chanteux  fins  et,  de  plus,  ses 
chanteuses,  expertes  matrones  à  la  voix  chevro- 
tante a  qui  l'on  n'en  impose  point  en  donnant 
du  vieux  pour  du  neuf.  «  Si  l'on  connaît  au 
dedans  la  chanson  du  dehors,  on  1  interrompt 
dès  le  premiers  vers  en  chantant  le  second,  et 
vite,  il  faut  passer  à  une  autre.  Trois  heures 
peuvent  fort  bien  s'écouler  au  vent  et  à  la  pluie 
avant  que  le  parti  du  marié  ait  pu  achever  un 
seul  couplet  tant  est  riche  le  répertoire  des  chan- 
sons berrichonnes,  tant  la  mémoire  des  beaux 
chanteurs  est  ornée  ;  chaque  réplique  victorieuse 
du  dedans  est  accompagnée  de  grands  éclats  de 
rire  d'un  côté,  de  malédictions  de  l'autre.  Enfin 
l'un  des  partis  est  vaincu  et  l'on  passe  à  la  chan- 
son de  noces  (3)  ». 

«  Ouvrez  la  porte,  ouvrez, 

Marie  ma  mignonne, 

J'ons  de  biaux  rubans  à  vous  présenter 

Hélas!  ma  mie,  laissez-nous  entrer. 

A  quoi  les  femmes  répondent  en  fausset  ou 
d'un  ton  dolent  : 


(1)  Nous  connaissons  aussi  la  Dem.ir.de  en  mariage  du 
Grand  Pierre  à  la  Yoyetle,  qu'un  amusant  conteur,  qui 
signait  marquis  de  la  Brande,  recueillit  jadis  dan>  le 
Réveil  de  la  Gau. 


1  Cette  version  du  Haut  Berry  nous  a  été  communi- 
quée avec  la  notation  par  M.  l'abbé  K.irge  d'Alouis. 

(2)  Cette  seconde  version  a  parue  dans  le  Réveil  de  la 
Gaule,  recueillie  par  P.  de  la  Loje. 

(3)  Gl  ORGH  Sand  :  /.rs  Notes  de  campagne  (chap.  II). 


i6 


«  Mon  frère  est  en  chagrin, 

Ma  mère  en  grand'tristesse. 
Moi,  je  suis  un'  BIT  de  trop  grand  merci 
Pour  ouvrir  ma  porte  à  cette  heure  ici. 

«  Si  les  paroles  sont  naïves,  dit  encore  G.  Sand, 
et  la  versification  par  trop  libre,  en  revanche, 
l'air  est  magnifique  dans  sa  solennité  simple  et 
large  ». 

Les  hommes  reprennent  le  premier  couplet 
jusqu'au  troisième  vers  qu'ils  modifient  selon  le 
cadeau  qu'ils  doivent  offrir,  par  exemple  : 

J'ons  un  beau  mouchoir  à  vous  présenter...  etc. 

Mais  ils  essuient  de  la  part  des  matrones  un 
refus  aussi  catégorique  que  la  première  fois  et 
quinze,  vingt  couplets  se  déroulent  ainsi  jus- 
qu'à ce  que  les  hommes,  après  avoir  énuméré 
tous  les  cadeaux  qui  composent  la  corbeille  de 
la  mariée  :  un  beau  devantiau,  une  croix  en  or, 
des  boucles  d'oreilles,  etc.,  finissent  par  dire  : 
J'ons  un  beau  mari  à  vous  présenter... 

Alors,  hommes  et  femmes  reprennent  à  l'unis- 
son en  s'adressant  à  la  mariée  : 

Ouvrez  la  porte,  ouvrez, 
Marie  ma  mignonne, 
C'est  un  beau  mari  qui  vient  vous  chercher  ; 
Allons,  ma  mie  !  Laissons-le  entrer  ! 

Ces  jeunes  paysans  chantant  à  la  porte  de  la 
fiancée  nous  rappellent  certaine  coutume  grecque 
où  le  chœur  se  présentait  en  grande  pompe  (évi- 
demment le  notre  n'a  pas  la  même  majesté  !) 
devant  la  maison  du  vainqueur  en  lui  chantant 
des  poèmes... 

Enfin,  voici  le  grand  jour  !  Les  invités  arri- 
vent «  à  pleines  voitures  »  : 

Nous  venons  à  ce  soir 
Tout  dret  de  nout'  village 
Pour  vous  faire  à  savoir 
A  perpos  d'vout'  mariage 
Madam'  que  j'vous  souhaitons 
Tous  les  plus  heureux  dons. 


Recevez  ce  bouquet 

Que  ma  main  vous  présente  ; 

Prenez-en  une  fleur 

Et  qu'ail'  vous  donne  entente 

Madam'  que  vos  couleurs 

Passeront  comm'  ces  fleurs. 

Recevez  ce  gâteau 

Que  ma  main  vous  présente, 

Cassez-en  un  morceau 

Et  qu'il  vous  donne  entente 

Que  pour  ce  pain  gagner, 

Madam'  faut  travailler...  etc.  (i) 

On  voit  que  nos  paysans  usent    entre   eux 
d'une  courtoisie  parfaite  !   Ils  aiment  d'ailleurs 


assez  se  qualifier  comme  des  bourgeois  !  «  Mon- 
sieur, madame  ». 

Nous  somm's  venus  vous  von 
Du  fond  de  nof  village 
Pour  souhaiter  ce  soir 
Un  heureux  mariage 
A  monsieur  votre  époux, 
Aussi  bien  comme  a  vous...  etc. 

Le  cortège  se  forme  :  vielleux  et  cornemuseux 
viennent  en  tète  en  sonnant  une  vieille  marche 
berrichonne  : 

Au  pays  du  Berry,  quand  une  fillette 
A  fixé  son  choix,  oui-da  !  sur  un  epouseux, 
Les  parents,  les  amis,  tn  habits  de  fête 
Viennent  précèdes,  oui-da  !  d'un  cornemuseux...  etc.    i) 

La  belle-mère  ferme  la  marche  et  se  désole  : 

Quand  on  marie  ses  filles, 

Faut-y,  que  de  tourmeits  ! 

On  les  mène  à  l'église, 

AH's  vont  toujours  pleurant  : 

Adieu  les  amourettes. 

Adieu,  c'est  pour  longtemps...  etc. 

A  la  sortie  de  la  messe,  tout  le  monde  fre- 
donne ironiquement  : 

J'ia  prenons  cheux  guère,  guère. 
J'ia  menons  cheux  rin  du  tout. 
Disons,  disons  tous 
Qu'ail'  ne  valait  gu 
Disons,  disons  tous 
Qu'ail'  vaut  rin  du  tout. 

Mais  où  l'essaim  des  chansons  prend  son  vol, 
c'est  au  moment  de  ces  repas  pantagruéliques 
qui  durent  parfois  plusieurs  jours.  Le  vin,  l'amour, 
la  gloire,  rien  n'est  oublié.  C'est  l'exaltation  de- 
là vie  dans  l'exubérance  de  la  joie  !.., 

Deux  érudits  que  le  Berry  devrait  honorer 
davantage  pour  avoir  su  conserver  tant  de 
choses  du  passé  qui  seraient  mortes  sans  eux, 
MM.  Laisnel  de  La  Salle  et  Ribault  de  Laugar- 
dière,  nous  ont  transmis  de  fort  réjouissantes 
chansons. 

En  voici  une  qui  donnera  à  peu  près  le  ton  : 

Ma  bell",  fasez-moi  un  bouquet 

Qui  sietf  ben  fait  : 
Etachez-lu  d'une  soie  varte 

Ben  proprement, 
Mes  amours,  itou  les  voûtes. 

Serjint  dedans. 

Généralement  ces  chansons  se  terminaient  par 
des  «  You  !  You  !  »  frénétiques  et  perçants.  C'est 
le  «  Yo  !  Yo  !  »  que  les  Romains  faisaient  en- 
tendre aux  l'êtes  consacrées  à  l'hymen  et  à 
Bacchus, 

Le  lendemain  des  noces,  on  accomplit  un  sot 
usage  que  G.  Sand  a  justement  flétri,  «  car,  dit- 


(i)  Cf.  Ribault  de  Laugardière  :  Les  Noces  de  campa- 
gne en  Berry.  Une  version  de  cette  chanson  a  été  publiée. 
avec  musique,  dans  /.,;  Bonne  Chanson,  n"  6. 


(i)  Cette  chanson  qui  fut  attribuée,  on  ne  sait  pour- 
quoi à  G.  Sand  est  de  Lhuilhcr.  C'est  de  nos  jours,  la 
chanson  la  plus  populaire  du  Berry. 


'7 


elle,  il  fait  souffrir  la  pudeur  de  la  mariée  et  tend 
à  détruire  celle  des  jeunes  filles  qui  y  assistent  ». 
Vers  quatre  heures  du  matin,  toute  la  noce  fait 
irruption  dans  la  chambre  nuptiale  pour  appor- 
ter la  routie  (i)  aux  époux  : 

Ouvrez,  ouvrez  la  porte,  la  jeune  mariée, 
Ouvrez  la  porte,  ouvrez  et  laissez-nous  entrer. 
Ah  !  non,  vrai  Dieu  !  Je  suis  au  lit, 
Je  suis  au  lit  couchée...  etc. 

Peu  à  peu  les  invité-:,  la  parenté  s'en  vont  ; 
chacun  retourne  à  ses  travaux  ;  seule,  la  jeunesse 
intrépide  reste  encore  pour  virer  les  dernières 
bourrées  : 

En  revenant  des  noces, 

J'étais  bien  fatigué. 

Au  bord  d'une  fontaine 

Je  m'y  suis  reposé. 


Oui,  j'attends,  j'attends,  j'attends, 

Celle  que  j'aime. 

Que  mon  cœur  aime, 
Oui,  j'attends,  j'attends,  j'attends, 
Celle  que  mon  cœur  aime  tant...  etc. 

Mais  les  carillons  joyeux  de  la  noce  ont  éveillé 
l'espoir  du  gars  qui  n'a  pas  encore  trouvé  «  chaus- 
sure à  son  pied  ». 


(i)  La  même  coutume  existe  en  Bretagne.  Mais  la  rou- 
tie qui,  chez  nous,  est  une  sorte  de  soupe  frite  très  poi- 
vrée, est  remplacée  en  Bretagne  par  la  soupe  au  lait. 


J'en  aurai  l'une 
A  la  Toussaint  qui  vint, 

Soit  blonde  ou  brune. 
La  beauté  n'y  fait  rin. 

Et  trou  la  la, 
Trou  la  1ère... 

Puis  ce  sont  celles  que  l'on  oublie,  les  Cen- 
drillons  qui  restent  à  la  maison  pendant  que  les 
autres  sont  partis  aux  noces  : 

Dedans  Moinay  le  petit  bourg 
Ya  des  fill's  tout  à  l'entour. 

Yen  a  des  gent's  et  pis  des  laides, 
Toutes  bonnes  à  marier, 
Mais  personn'  les  demande...  etc. 

Qu'importe  !  Elles  ne  désespèrent  pas.  Leur 
tour  viendra  aussi  bientôt  : 

Vers  choux  nous  ieux  mariont  tous 
Gnya  que  moue  qui  garde  l'âne. 
Vers  cheux  nous  ieux  mariont  tous, 
Gnya  que  moue  qui  garde  l'tout. 
Quand  mon  tour  vinra 
Gard'ra  l'âne, 
Gard'ra  l'âne, 
Quand  mon  tour  vinra, 
Gard'ra  l'âne  qui  voudra...  etc. 

Tout  ceci  est  empreint  à  la  fois  de  rudesse 
primitive,  de  fine  malice  et  de  saine  gaieté  fran- 
çaise ! 


VI. 


Les  Chansons  de  Métiers 


ans  chaque  métier  il  y  a  une  ca- 
dence :  la  roue  du  moulin,  la  hache 
du  bûcheron,  le  marteau  du  forge- 
ron, le  fléau  du  batteur,  etc.  ;  et 
cette  cadence  appelle  la  chanson  ! 
Chanter  est  presque  un  acte  natu- 
turel  qui  accompagne  le  geste  du  travailleur,  qui 
le  désennuie  dans  sa  tâche  machinale. 

Il  semble  que  le  cordonnier  ne  puisse  bien 
tirer  son  ligneul,  le  maçon  manier  sa  truelle,  le 
laboureur  pousser  sa  charrue,  que  s'ils  joignent 
un  chant  à  leur  acte.  Avec  eux,  évidemment, 
nous  voilà  loin  des  romances  de  bergères  et  de 
mariées  ;  les  accents  sont  plus  rudes,  les  refrains 
comportent  généralement  une  onomatopée  que 
souligne  encore  la  phrase  musicale,  et  les  paro- 
les sont  si  naturalistes  parfois,  qu'il  serait  difficile 
d'aller  jusqu'au  bout  des  exemples  que  nous 
voudrions  citer,  sans  dépasser  les  bornes  d'une 
morale  très  élémentaire. 

Bûcherons,  scieurs  de  long,  charbonniers,  tous 
les  «  quiaulins  »  (comme  on  désigne  chez  nous 
ceux  qui  vivent  et  travaillent  dans  les  bois), 
avant  que  la  Politique  ne  soit  venue  les  troubler, 
égayaient  leurs  pénibles  besognes  avec  des 
chants  qui  avaient  presque  toujours  pour  thème 
les  soucis  et  les  espoirs  de  leur  existence. 
Voici  la  chanson  des  scieurs  de  long  : 

Ya  pas  d'métier  plus  brave, 

Lon  fron  fron  la 

Lon  fron  fron  la. 
Ya   pas  d'métier  plus  brave 
Que  les  scieurs  de  long,     {bis) 

Quand  ils  sont  sur  leurs  pièces, 

Lon  fron  fron  la 

Lon  fron  fron  la 
Quand  ils  sont  sur  leurs  pièces, 
Entonnent  une  chanson,     (bis) 
Le  maître  les  vient  voir» 

Lon  fron...  etc. 
Le  maître  les  vient  voir*  : 
Courage,  compagnons  !     (bis) 
Nous  aurons  de  l'ouvrage, 

Lon  fron...  etc. 
Nous  aurons  de  l'ouvrage 
Pour  toute  la  saison,     (bis) 
A  la  saison  finie, 

Lon  fron...  etc. 


A  la  saison  finie 

Nous  en  retournerons,     (bis) 

Chacun  z'avcc  sa  femme, 

Lon  fron...  etc. 
Chacun  z'avec  sa  femme 
Les  ceuss  qui  n'en  auront,  bis  (l) 

Citons  la  délicieuse  mélodie  du  Fendeur  dont 
tant  de  provinces  revendiquent  la  paternité  : 

C'est  un  joli  fendeur 

Dans  sa  loge  jolie. 

Il  tenait  dans  sa  main 

LTne  rose  fleurie, 

Fendeur,  dormez-vous  ? 

Fendeur,  joli  fendeur, 

Fendeur,  réveillez-vous...  etc.  (2) 

Sous  la   futaie,   d'autres  chansons  s'envolent 
avec  la  fumée  des  charbonnières  : 

Chaibonnier,  mon  ami. 
Que  ta  chemise  est  noire  ! 
Helas  !  madame,  c'est  l'état  du  métier, 
Chemise  noire  au  charbonnier. 

Charbonnier,  mon  ami, 
Combien  vends-tu  ta  banne? 
Hélas  !  madame,  je  la  vends  dix  êcus, 
C'est  du  charbon  de  bois  menus. 

Charbonnier,  mon  ami, 
Combien  veux-tu  d'ta  banne  ? 
Hélas  !  madame,  je  la  vends  trente  francs 
Et  vos  amours  comprises  dedans,  etc. 

Le  laboureur  va  nous  conter  ses   difficultés 
avec  l'existence  : 


Le  pauvre  laboureur 
Depuis  l'âge  de  deux  ans 
Est  habillé  en  toile. 
Comme  un  moulin  à  vent 


(1)  Recueillie  par  Henri  Gay. 

(2)  Voir  aux  chansons.  André  Theuriet  la  revendique 
pour  la  Lorraine,  Achille  Million  pour  le  Nivernais.  Diffé- 
rentes  versions  existent  même  dans  certaines  régions  du 
Bercy.  Je  la  donne  telle  que  la  chantait    Henri  Dumont, 

igriculteur  à  Sancoins,  dont  la  bonne  toi  ne  saurait  être 
suspectée,  qui  l'écrivit  lui-même  et  me  la  donna  comme 
étant  de  pure  source  berrichonne.  Il  était  ne  vers  l8;8et 
il  la  tenait  de  sis  aïeux.  I.a  version  nivernaise  n'est  pas 
très  différente  comme  paroles,  de  la  notre  (bien  qu'elle 
comporte  ties  couplets  surajoutés)  ;  mais  tandis  que  la 
mélodie  *  rappelle,  dit  le  musicien  Pcnavaite,  le  style  du 
plain-chant  d'église  >,  la  nôtre  se  poursuit  à  l'allure  \\o 
et  décidée  Je  la  bourrée. 


—  19 


Qu'il  pleuve,  qu'il  vente,  qu'il  neige, 
Orage  ou  mauvais  temps, 
L'on  voit  toujours  sans  cesse, 
Le  laboureur  aux  champs. 
Refrain  : 
Allons,  allons,  allons,  ch... 
Allons,  mes  petits  compagnons, 
Copé,  Sarrazin, 
Et  l'boyer  ça  fait  cinq...  in... 
Allons,  allons,  allons,  ch... 
Allons,  allons,  allons,  ch...lon. 

2. 
Le  pauvre  laboureur 
Il  a  beaucoup  d'enfants 
Qui  vont  à  la  charrue 
Depuis  l'âge  de  douze  ans, 
Il  leur  fait  faire  des  guêtres 
Pour  l'état  du  métier, 
C'qui  n'empêch'  pas  la  terre 
D'entrer  dans  leurs  souliers. 

3- 
Le  pauvre  laboureur  i 

Il  a  ben  du  malheur,  j     ,s 

Il  n'est  ni  roi,  ni  prince, 

Ni  banquier,  ni  seigneur 

Qu'empêcheront  la  peine 

Du  pauvre  laboureur. 

4- 
Qui  qu'a  composé  c'te  chanson, 

C'est  un  garçon  boyer, 

Assis  sur  sa  charrette 

Il  se  mit  h  chanter. 

Piquons  de  droite  à  gauche, 

Et  nous  émouvons  pas, 
Nous  sortirons  peut-être, 
Ah  !  De  ce  mauvais  pas  !       (i) 

C'est  la  vie  en  raccourci  du  paysan  d'autrefois. 
Aujourd'hui,  sans  «  rouler  sur  l'or  »,  Jacques 
Bonhomme  est  plutôt  cossu  ;  en  tout  cas,  il 
gagne  largement  sa  vie.  Ici,  l'inspiration  du  barde 
rustique  est  toute  spontanée  :  «  Assis  sur  sa  char- 
rette »,  il  improvise,  «  il  se  met  à  chanter...  » 
Et  cela  nous  rappelle  l'admirable  Paul  Froment 
dont  la  fin  tragique  et  prématurée  (il  mourut  à 
22  ans)  semble  devoir  rester  toujours  dans  le 
mystère,  qui  composait  en  labourant  les  plus 
belles  chansons,  qu'on  n'ait  jamais  entendu  en 
terre  d'Agenais  ! 

On  pourrait  reconstituer  ainsi  avec  des  chan- 
sons toute  la  vie  du  peuple  des  champs. 

Les  moissons  rentrées,  le  paysan  bat  son  blé 
sur  l'aire  de  sa  grange,  et  au  bruit  des  fléaux,  il 
chante  : 

Oh  !  hatteux,  battons  la  gerbe, 
Compagnons,  joyeusement...  etc. 

Un  qui  parait  moins  satisfait  de  son  métier, 
c'est  le  vigneron  : 


(i)  A  défaut  de  la  musique,  nous  avons  tenu  à  donner 
les  paroles  de  cette  vieille  chanson  bcrriaudc  recueillie 
par  M.  Henri  Dtimont  et  que  Julien  Tiersot  baptisa: 
Chanson  de  la  Bresse  ! 


Ah  !  quel  état  de  galère 

Que  l'état  de  vigneron  ! 

Toujours  bouler  la  terre 

En  toutes  les  saisons 
J'aurions  d  l'argent  comme  un  homme, 

Comme  un  groùs  baron. 
Qu'on  nous  dit  :  c'est  pas  un  homme, 
C'est  un  vigneron,  (bis) 

La  porchère  qui  conduit  son  troupeau  à  la 

glandée  égrène  en  chemin  ses  couplets  : 

Quand  j'étions  de  chez  mon  père, 
Les  cochons  j'allions  garder  (bis) 
You  ma  tron  tron  tron  tiretaine, 
Vou  ma  tron  tron  tron  tireton...  (i). 

On  s'étonne  de  rencontrer  fréquemment  dans 
nos  vieilles  chansons  le  mot  «  matelot  !  »  C'est 
que  la  pensée  de  la  paysanne,  le  souvenir  de  la 
bergère  pendant  les  veillées  d'hiver  s'envolaient 
souvent  vers  le  gars  ou  le  fiancé  parti  pour  son 
sort  et  qu'un  mauvais  numéro  avait  fait  classer 
dans  la  marine.  Il  naviguait  pendant  de  longues 
années,  (le  service  militaire  étant  alors  de  sept 
ans),  et  s'il  ne  mourait  pas  d'un  coup  de  sagaie 
ou  de  la  fièvre  au  bord  de  quelque  marigot,  on 
le  voyait  un  beau  jour  débarquer  au  seuil  de  la 
métairie,  bronzé  comme  un  marocain,  maigre 
comme  un  chacal,  mais  portant  triomphalement 
sur  son  épaule,  un  affreux  ouistiti  ou  un  perro- 
quet des  Iles  ! 

Le  pauvre  marsouin  peinait  beaucoup  à  se 
réhabituer  à  la  vie  des  champs  !  Il  passait  son 
temps  à  raconter  ses  campagnes  dans  «  ceux 
pays  sauvages  »,  ses  voyages  à  travers  les  mers 
lointaines...  C'était  une  aubaine  pour  les  «  faiseux 
de  chansons  »  qui  composaient  cinquante  cou- 
plets sur  ces  pittoresques  récits. 

Maintenant,  on  désigne  aussi  chez  nous  sous 
le  nom  de  «  matelots  »  les  mariniers  du  canal 
du  Berry  !...  Tout  simplement  ! 

Celui  qui  tenait  une  large  place  dans  l'exis- 
tence du  paysan  berriaud,  c'était  le  cornemuseux  ! 
On  le  voyait  escorter  les  noces,  les  défilés  de 
conscrits,  les  mascarades  des  jours  gras,  activer 
les  pileurs  de  raisin  au  temps  des  vendanges  ;  il 
jouait  même  à  l'église  pendant  l'Elévation  et  le 
Magnificat  et  c'était  lui  «  qui  faisait  danser  ceux 
filles  à  ceux  printemps  nouviaux!  »  Assissur  un  ton- 
neau, un  pichet  de  vin  coiffé  d'un  verre  à  ses  pieds, 
il  bouffait  à  perdre  haleine  dans  sa  peau  de  bouc  : 

Vous  avez  ben  tous  connu 
L'pé  Larue  et  sa  musette, 
l,  ■  min  !  Ouin,  ouin,  ouin  !...  etc. 

Ainsi,  malgré  les  duretés,  les  injustices,  les 
tristesses  de  la  vie,  du  haut  en  bas  de  l'échelle 
sociale,  on  chante,  tant  est  vrai  ce  proverbe  : 
«  En  France,  tout  finit  par  des  chansons  1  » 


(i)  Voir  au  chansons.  —  On  trouve  cette  chanson  :  La 
Tr eut gar elle,  dans  l'Angoumois,  sur  un  autre  air  et  avec 
de  nombreuses  \  ariantes. 


X/M  XM  MM  3821  3321 


VII. 


Les   Chansons  de   Fêtes 


os  provinces  françaises  sont  plus 
ou  moins  expansives.  La  configu- 
ration du  sol  semble  jouer  un  rôle 
dans  la  diversité  de  leur  humeur. 
Ainsi,  les  populations  sylvicoles 
ou  montagnardes  sont  générale- 
ment plus  calmes  que  celles  qui 
vivent  au  bord  d'un  fleuve  ou  dans  une  plaine. 
La  Nature,  heureusement,  supplée  à  cette 
mélancolie  par  la  chanson  des  arbres  et  des 
oiseaux. 

Partout  où  il  y  a  du  soleil,  des  coteaux,  de  la 
vigne,  les  gens  sont  gais  et  bruyants.  Tout  est 
prétexte  à  chansons.  Autrefois,  en  Berry,  chaque 
corps  de  métier  avait  son  patron,  chaque  patron 
sa  fête  et  sa  chanson  appropriée.  Il  n'était  pas 
un  village,  pas  un  bourg  qui  n'eut  sa  fête  patro- 
nale ;  (apport  ou  assemblée)  et,  comme  aux 
temps  païens,  tous  les  rites  de  ces  fêtes  étaient 
accompagnés  de  chants. 

La  S1  Jean  avec  «  la  foire  aux  valets  »,  la 
S'  Thomas  et  Noël,  Noël  surtout,  donnaient  lieu 
à  des  réjouissances  et  à  de  curieuses  coutumes. 

Au  soir  tombant,  le  maître  aspergeait  avec 
de  l'eau  bénite,  la  bûche  de  Noël  que  l'on  nom- 
me diversement  tniffiot  ou  cosse  de  Nau  et  qui 
provient  d'un  chêne  vierge  de  tout  élayage.  Il  y 
mettait  le  feu,  puis  les  gens  de  la  maison  allu- 
maient des  lanternes  et  tous  s'en  allaient  par  les 
sentiers  couverts  de  neige,  fêter  la  Nativité  à 
l'église  du  village.  Chemin  faisant,  les  habitants 
des  autre-  métairies  se  joignaient  à  eux  et  des 
centaines  de  petites  lumières  dansaient  dans  la 
campagne  comme  des  feux-follets,  tandis  que  le 
chant  d'allégresse  des  bergers  s'élevait  dans  la 
nuit  mystérieuse  et  glacée  : 

Boulons  nus  habits  Ils  plus  biaux 
Que  j'ons  quand  il  est  fête. 
Pour  adorer  l'Enfant  Nouviau, 

Ça  s'nut  t'y  malhounnête, 

Si  j'allions,  en  saligauds, 

Visiter  nouter  Maître.        (i) 

Au  retour,  on  donnr.it  double  provende  aux 
bêtes  dans  l'étable,  puis  on  réveillonnait  : 

Madame  Louise  prend  chemin 
Avec  nout'  assemblée, 


(i)  Voit    aux  chansons.  Les  vignerons  de  Milla 

en  Sologne,  se  sont  attribi  é  ce  Noël    1  e  Berry  l'a  t  iu 

jours  chante  ! 


Apportant  saucisse  et  boudin 
Et  vin  blanc  de  l'année...  etc. 

Ces  chants,  sur  le  rythme  sautillant  de  la 
bourrée  vont  souvent  du  mode  majeur  au  mode 
mineur,  du  rire  aux  larmes,  sant  transitions.  Les 
paroles  ont  un  tour  fin,  plaisant,  narquois  et 
sont  parfois  d'une  grivoiserie  qui  serait  insolente, 
si  elle  ne  s'abritait  sous  le  voile  d'une  amusante 
naïveté.  A  côté  de  ces  chansons  «  gauloises  »  qui 
nous  rappellent  Gargantua,  illustre  chez  nous 
bien  avant  que  Rabelais  n'eut  écrit  son  histoire, 
à  côté  de  ces  hardiesses  de  langage,  on  trouve 
aussi  l'accent  mélancolique  de  certains  airs  gaé- 
liques et  des  anciens  chants  d'Irlande. 

Les  enfants  n'oubliaient  pas,  le  Jour  des  Rois, 
d'aller  de  ferme  en  ferme  réclamer  «  la  part  à 
Dieu  ».  Le  plus  grand  chantait  ces  couplets  en 
s'adressant  à  la  compagnie  : 

Avisez  donc  ce  biau  gâtiau 
Qu'il  est  dessus  la  table 
Et  aussite  ce  biau  coutiau 
Qu'est  au  long  qui  l'argade. 
Ah  !  si  vous  pouvez 
Pas  ben  le  couper. 
M'y  faut  le  dounner 
L'gâtiau  tout  entier. 
Ah  !  si  vous  vlez  ren  nous  dounner 
Faites  nous  pas  attendre. 
Mon  camarade  qu'a  si  grand  fré, 
Moue  que  le  corps  m'en  tremble. 
Dounnez-nous  en  donc  ! 
l'avons  qu'trois  calons 
Dans  nouter  bissac 
Fasons  trie  et  trac  ! 
Ah  !  dominez,  dounnez-nous  en  donc 
faites  moue  pas  attendre 
Dounnez  moue  la  till'  de  la  maison. 
Ah  !  c'est  ben  la  pus  gente 
Qu'est  contre  le  feu, 
Que  coupe  ia  part  à  Dieu. 
Je  v  Ions  pas  nous  en  r'tourner 
Que  nouter  jau  il  ait  chanté. 

Et  tous  les  gamins  reprenaient  en  chœur  : 
Les  Rois  !  Les  Rois  ! 
La  part  au  bon  Dieu  s'ibvous  plaît  ! 

Ceci  rappelle  l'aguilc  des  petits  bretons  et  les 
Evangueus  îles  Ardennais. 

Pour  le  Mardi-Gras,  on  promène  dans  les  rues, 
au  son  des  vielles  et  cornemuses  le  bœuf  vielle 
tout  enrubanné. 

Mardi-Gras, 

T'en  va  pas, 

J  f  ions  des  crêpes...  etc. 


Le  dimanche  suivant,  premier  de  Carême, 
autrement  dit,  jour  des  Rogations,  a  lieu  en 
Berry  la  fête  des  brandons.  Au  crépuscule,  les 
feux  des  «  brandouneux  «  s'allument.  Ils  vont 
par  bandes,  agiter  des  torches  enflammées  sous 
les  arbres  fruitiers  et  dans  les  semailles,  afin 
d'empêcher  les  vergers  et  les  îécoltes  d'être 
ravagés  par  les  mulots,  les  insectes  et  autres 
calamités  de  l'agriculture.  Cette  coutume  rap- 
pelle les  Lupercales  qui  se  faisaient  à  Rome  en 
l'honneur  du  dieu  Pan.  (i) 

Brandounons  la  nielle 
Et  la  nielle  et  l'éehardon  ; 
Brandounons  fumelles, 
Brandounons  la  nielle...  etc. 

Voici  Mai  !  On  va  célébrer  le  retour  du  soleil, 
le  mois  de  l'amour,  des  fiançailles  et  des  fleurs  ! 
En  Lorraine,  des  théories  de  jeunes  filles  vêtues 
de  robes  blanches  parcourent  les  rues  en  chan- 
tant des  trimazos  ;  en  Berry,  les  jeunes  filles 
restent  chez  elles,  attendant  leurs  fiancés  qui 
vont  leur  apporter  les  premiers  rameaux  d'au- 
bépine : 

J'ai  pris  la  fantaisie 
D'aller  chanter  le  mai 
Tout  le  long  du  gué 
Joli  mois  de  mai 
D'aller  chanter  le  mai 
A  la  port'  de  ma  mie. 

A  la  port'  de  ma  mie, 
Galant  n'y  chantez  pas 
Tout  le  long  du  gué. 
Joli  mois  de  mai 
Galant  n'y  chantez  pas, 
Hélas  !  Je  vous  en  prie  ! 

Il  y  a  une  soixantaine  d'années,  le  premier 
dimanche  de  Mai,  on  célébrait  encore  le  Brunit 
dans  la  plaine  de  Xeuvy-le-Barrois.  C'était  une 
sorte  d'assemblée  qui  rappelait  le  Berlue  ou  fête 
du  printemps  que  célébraient  les  Celtes. 

La  fin  des  moissons  donnait  également  lieu  à 
une  belle  cérémonie  que  George  Sand  a  fidèle- 
ment rendue  dans  Claudie.  On  fêtait  la  Ger- 
baude:  la  dernière  gerbe  couverte  de  fleurs  et 
de  rubans  était  hissée  sur  le  chariot  et  ramenée 
à  la  ferme  au  bruit  des  musettes  et  des  chan- 
sons. Quelques  fêtes  patronales  sont  encore 
observées  aujourd'hui  :  la  S'  Abdon,  la  Sv  Vin- 
cent et  la  S'  Sylvain,  patrons  des  laboureurs  et 
des  vignerons. 

Le  soir,  on  fait  bomban.e  dans  les  auberges; 
on  mange  du  salé,  des  ragoûts,  des  sauc 
vin,  des  rôtis,  de  la  salade  avec  beaucoup  de 
moutarde  (sans  cela  le  repas  ne  serait  pas  com- 
plet 1)  et  lorsqu'apparait  la  galette  aux  «  tru- 
elles »,  le  grand  Louis  de  la  Pille-Lourde  ^  lève  : 

—  Laquelle  que  j'vas  vous  chanter  ? 

—  Celle-là  qu'tu  contes  si  ben  et  qu'tu  chan- 
tes si  mal,  va  donc  !  insinue  un  malin. 


—  La  plus  près  du  pouce  !  crie  un  moisson- 
neur de  Sta  Baudel. 

Enfin,  le  grand  Louis  se  décide  : 

—  Verse-moi  à  boire,  toi,  Guillemot,  j'ai  soué  ! 
Puis  une  main  sur  le  cœur,  les  yeux  fixés  au 

plafond,  il  chante  : 

Ah  !  si  l'amour  prenait  racine 

Dans  mon  jardin  j'en  planterais, 

J'en  planterais  si  long,  si  large, 

J'en  frais  part  a  mes  camarades, 

Vive  le  un  ! 

Vive  le  vin  !  Vive  l'amour  ! 

Et  voilà  le  jour  !  (  i  ) 

Il  ne  faut  pas  oublier  que  le  Berry  est  un  pays 
de  vignes  !  S'il  ne  fournit  pas  de  grands  crûs  il 
produit  tout  de  même  des  vins  blancs  et  des 
vins  gris  dont  la  couleur  rubis  fait  flamber  l'œil 
d'un  berrichon,  et  dont  la  saveur  est  des  plus 
agréables.  Les  vignobles  de  Sancerre,  Quincy, 
La  Châtre,  Issoudun,  qui  nous  a  donné  le  Cautpo- 
Forti  dont  parle  César,  sont  justement  renom- 
més ;  aussi  les  vendanges  sont  elles  fêtées  comme 
il  convient  : 

Beau  vigneron  plantant  -.a  vigne  (bis) 

La  plante  à  la  pointe  du  jour 

Quand  la  bergère  fait  son  tour. 

La  belle  entra  dedans  la  vigne, 

Elle  en  trouva  fort  à  son  goût 

Des  raisins  verts,  des  raisins  doux...  etc. 

«  Dardelantes  »  et  «  poiluses  »  ce  jour-là  pren- 
nent leur  volée  !  Les  «  Macchabées  »  comme  on 
appelle  les  vignerons  à  Issoudun  (probablement, 
dit  M.  de  Laguérenne,  parce  qu'ils  forment  une 
nombreuse  famille),  font  défiler  tout  le  répertoire 
des  chansons  bachiques  :  airs  de  bourrées,  chan- 
sons de  marche,  rondes  et  branles  se  succèdent 
au  milieu  du  charivari  de  la  lourde  gaieté  ber- 
riaude,  rappelant  les  festins  de  nos  ancêtres,  les 
Gaulois,  animés  par  le  vin  de  Massalie  et  chan- 
tant leurs  hymnes  guerrier-. 

Par  une  délicieuse  fin  de  journée  d'été,  je  me 
promenais  sur  la  route  de  S'-Chartier  en  compa- 
gnie de  l'aimable  curé  de  Verneuil.  Un  vigneron, 
ses  outils  sur  l'épaule,  descendait  la  côte  que 
nous  gravissions.  Il  s'arrêta  devant  nous,  et  sa 
face  vermeille,  éclairée  d'une  douce  joie,  d'un 
geste  large,  il  désigna  'es  vignes  qu'empourpraient 
les  derniers  feux  du  soleil  couchant  : 

—  Hein,  l'abbé,  s'écria-t-il.  Yen  a  t'y  encore 
des  chansons  là-dedans  !... 

Oui  !  Tant  qu'il  y  aura  des  vignes  et  des 
il  y  aura  de-  chan  OHS  en  Berry 
tns  notre  beau  pays  de  Fiance  ! 


(l)  Cf. Chapitre  II  :  Les  «  Ronds  >  et  les  »  Dardi  I 


ii,  Celte   chanson  est  consignée  dans  Laisnel  de  la 
.sml  couplet  qui 
s'en  rapproche  a  peu  près  est  celui-ci  : 

-;  l'amour  prenait  racine 

■ut'  ni,,  vigne, 
yen  planterais  dans  mon  Jardin 

Aux  çuatn 
J'en  ba\ 

(lui  il':  n  ont  /••'tut. 


22 


LA  BERGERE  AUX  CHAMPS 


Harmonisée  par 


Hjelle  Aimée    de  Mourgues 


Moderato 


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Que       la        bergère  aux 


N'ya       rien     dans, si  char,  niant 


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Que       la        bergère  aux 


champs N'ya     rien      d'aus.si  char,  niant 


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champs Quand      il       tomb' de     la      pi  ni  _  e     AIT    de     .     sir-  du  beau  temps. 


#ÉHÉHÉ 


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—  Voilà  comm' la  berbère     ai. nie      à  pas.se  r  son     temp^ 


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portez  fa  voix  Pressez 


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Gai   mon  var.let         la  lin  Ion    la 


P'titsgouris   Ion  la      Ion    lai. re  Ion  lai  le  Ion 


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ai   .   re     Ion      la 


Ion  lai. re  Ion     lai.ro  Ion  laî.ro      Ion  la 


Quand  la  bargère  entend 
La  voix  de  son  galant, 
Ail'  prend  sa  jupe  varte 
Et  son  biau  cotillon, 
AU'  va  ouvrir  sa  porte 
A  son  barger  mignon. 

Au  Refrain. 


Barger,  mon  doux  barger, 
Où  irons-nous  prom'ner  ? 
Là-bas,  dedans  la  plaine, 
Un  beau  châtiau  il  y  a, 
Nous  souperons  ensemble 
Parlera  qui  voudra. 


Au  Refrain. 


Barger,  mon  doux  barger, 

(_>u'aurons-nous  à  souper  ? 

L'n  pâté  d'alouettes, 

L  n  fort  joli  gâtiau 

Et  du  bon  vin  d  Espagne 

Que  j'ai  sous  mon  mantiau. 

Au  Refrain. 


Barger,  mon  doux  barger, 
J'entends  quelqu'un  passer. 
Je  crois  que  c'est  mon  père 
Oui  vient  pour  me  chercher! 
Cachons-nous  sous  l'herbette 
Et  laissons-le  passer. 

Au  Refrain. 


24 


FAUT- IL  ETRE  SI  PRES 

D'UN  ROSIER! 


Notée  et  harmonisée  par 

André  Coedès-Mongin 


ç/And1!0  espressivo 


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Faut  -    il    êtr  si  près  d'un  ro  .  sier 


Sans    y   pouvoir  cueillir   la 


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se,  Cuei]    .    lez,  cueil  .  lez,  cher     é .  niant,        cueil   . 


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Pour  finir 


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-lez,  Car   c'est  pourvous qu'la  ro.se  e     .      elo  .     se. 


Faut-il  ètr'  si  près  d'un  ruisseau 
Endurer  la  suif  que  j'endure. 
Beuvez,  beuvez,  cher  émant,  beuvez, 
Car  c'est  pour  vous  que  l'ruisseau  coule  ! 


A.  SH^B. 


25 

LE  FENDEUR 


\   ■  ■ . ■  1 1  haï  monisee  par 

André  Cœd'es-Mongin 


Allegretto 

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C'est    un    jo  .  li        fen.deur  Dans  sa     lo  -  ge       jo  _  li  _  e 


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26 


Le  roi  vint  à  passer, 

Le  roi  avec  sa  fille. 

Le  roi  dit  au  fendeur  : 

«  Donne-moi  donc  ta  rose  !  » 

Fendeur,  dormez-vous...  etc. 


«  J'ai  deux  vaisseaux  sur  l'eau 
Chargés  de  marchandises. 
Yen  a  un  chargé  d'or, 
L'autre  de  pierres  fines.  » 
Fendeur,  dormez-vous...  etc. 


Le  fendeur  dit  au  roi  : 

«  Pour  te  donner  ma  rose, 

Pour  te  donner  ma  rose 

Tu  m'donn'ras  donc  ta  fille  !  » 

Fendeur,  dormez-vous...  etc. 


«  Yen  a  un  chargé  d'or, 
L'autre  de  pierres  fines, 
L'autre  qui  n'a  rin  d'dans, 
Rin  que  trois  jeunes  filles  ». 
Fendeur,  dormez-vous...  etc. 


«  Pour  te  donner  ma  fille, 
Tu  n'es  pas  assez  riche, 
T'as  pas  seul'ment  vaillant 
Sa  robe  et  sa  chemise  !  » 
Fendeur,  dormez-vous...  etc. 


«  Yen  a  un'  qu'est  ma  sœur, 
L'autre  qu'est  ma  cousine, 
L'autre  m'est  rin  du  tout, 
J'en  ferais  ben  ma  mie  !  » 
Fendeur,  dormez-vous...  etc. 


27 

LA  FILLE  D'UN  PRINCE 


-,  AU'.'  giusto 


Notée  et  harmonisée  par 

André  Coedès-  Mongin 


Ce  .  tait   la   filr  d'un  Prin.ce.Tra     la      la  la  la  la     la     la  la  la 


la     la  la  le  .    te,  Tra  la       la  la  la  la  la.  Ce     .       tait    la  fi  11"  d'un 


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Priu.  ce  Grand  matin        s'est   le  .  vee. Grand  uia.tin   s'est  le  .  vi 


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Se  met  à  sa  fenêtre 
Tra  la...  etc. 
Se  met  à  sa  fenêtre 
Pour  voir  la  mer  couler.        (lus) 


Elle  aperçoit  un'  barque, 

Tra  la...  etc. 
Elle  aperçoit  un'  barque, 
Trent'  matelots  dedans.         (bis) 


A  no*'»  " 


28 


Le  plus  jeune  des  trente, 

Tra  la...  etc. 
Le  plus  jeune  des  trente 
Chantait  une  chanson.  (bis) 


Pourquoi  pleur's-tu  la  belle, 

Tra  la...  etc. 
Pourquoi  pleur's-tu  la  belle, 
Qu'as-tu  donc  a  pleurer  ?       (  bis) 


La  chanson  que  tu  chantes. 

Tra  la...  etc. 
La  chanson  que  tu  chantes, 
J' voudrais  ben  la  savoir..       (bis) 


C'est-y  ton  père  ou  ta  mère, 

Tra  la...  etc. 
C'est-y  ton  père  ou  ta  mère, 
Ou  ton  frère  ou  ben  moue  ?  {bis) 


Montez  dedans  nout'  barque, 

Tra  la...  etc. 
Montez  dedans  nout'  barque 
Je  vous  l'apprendrons,         (bis) 


C'est  ni  mon  pèr'  ni  ma  mère, 

Tra  la...  etc. 
C'est  ni  mon  pèr'  ni  ma  mère, 
C'est  ni  mon  frèr'  ni  toué. 


Ils  fir'nt  cent  lieues  en  mer, 

Tra  la...  etc. 
Ils  fir'nt  cent  lieues  en  mer, 
Sans  boir'  ni  sans  chanter,     (bis) 


Je  pleur'  mon  cœur  volage, 

Tra  la...  etc. 
Je  pleur'  mon  cœur  volage 
Que  vous  m'avez  ôté.  (bis) 


Mais  au  bout  du  centième 

Tra  la...  etc. 
Mais  au  bout  du  centième, 
AU'  s'est  mise  à  pleurer.        (bis) 


Pleurez  pas  tant  la  belle, 

Tra  la...  etc. 
Pleurez  pas  tant  la  belle, 
On  vous  le  rem/rcra.  (bis) 


14. 

C'est  pas  un'  chose  à  rendre, 

Tra  la...  etc. 
C'est  pas  un'  chose  à  rendre 
Comm'  de  l'argent  prêté  !     (bis) 


29 


VOILA  SIX  MOIS 

QUE  C'ETAIT  LE  PRINTEMPS 


Notée  par  Charles  Denis 

Lent 
dolce 


Harmonisée  par 

André  Coedès-Mongin 


Voi    .      là 

six       mois 

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M'y     pro.  nie. liant  sur  Iher.bet  _  te    liai-  .  san        te. 


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Mon  p'tit   trou,  peau  ma  famille  bê.  la  n  .   te,  J'ai  commen.ee  mon  devoir  à  quinze 


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A.  H9'5'B. 


30 

2. 


Ignorant  tout  jusqu'au  point  de  l'amour 

Rien  ne  m'troublait  que  l'entre  d'ma  chaumière 

J'allais  au  bois,  j'y  restais  la  dernière 

En  m'amusant  je  filais  tout  le  jour 

J'y  craignais  rin  que  le  loup  et  ma  mère. 


Par  un  biau  jour  Colin  vint  à  passer  : 

—  «  Que  fais-tu  là  seulette,  ma  bergère  ?  » 

—  «  Je  seus  ici  dans  un  lieu  solitaire, 
Sortez-moi  donc  de  ce  maudit  chemin  !  » 

—  «  Donn'  moi  la  main  comme  si  j'étions  frère  ». 


Au  lieu  du  bras  il  me  tendit  la  main 
En  me  disant  les  amours  les  plus  tendres. 
Ah  !  de  l'aimer  j'aurais  dû  m'en  défendre 
J'aurais  voulu  rallonger  le  chemin, 
Tant  que  j'avais  du  plaisir  à  l'entendre. 


—  «  Adieu  la  bell',  je  te  quitte  en  ce  lieu 
Pour  m'en  aller  voir  une  autre  bergère. 
Elle  est  là-bas  dans  ce  lieu  solitaire, 
Toujours  disant  :  viendra-t-il  mon  amant  ? 
Je  n'ai  donc  plus  que  mon  chien  de  fidèle  !  » 


6. 


—  «  Adieu  ingrat,  tu  me  quitt'  en  ce  lieu 
Pour  t'en  aller  voir  une  autre  bergère  ! 
Je  suis  t'y  pas  aussi  fraich'  que  la  rose  ? 
Tous  tes  amours  sont  gravés  dans  mon  cœur 
Faut-il  encor'  te  répéter  ces  choses  ?...  » 


31 


LA  BELLE    ANGELIQUE 


N  it(  è  et  harmonisée  par 

Léon  Branchet 


MouvI  do  Marche 


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pleur-  N'y    prends  point    de  cha    crin      Car  mon    de   .    part    est    d'main. 

jN.J  Ml      1    M;  j     11.4-44 


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VI 


—  Si  ton  départ  est  d'main, 

J'ons  une  grande  envie, 

C'est  d' partir  avec  toué 

Au  service  du  Roué 

Et  de  m'y  engager 

Au  rang  des  guernadiers  ! 


bis 


Mais  au  bout  des  sept  ans, 

Via  la  guerr'  que  s'allume, 

Et  dedans  un  combat, 

Ail'  fut  blessée  au  bras  ; 

AU'  fut  forcée  d'avouer  : 

«  Je  n'suis  point-z'un  guerrier  !  » 


bis 


—  Si  t'veux  t'y  engager 
Quitt'  tes  habits  de  fille, 
Prends  les  ceuss  d'un  garçon, 
Demain  nous  partirons 
Et  je  t'y  frai  marquer 
Au  rang  des  guernadiers  ! 


bis 


—  Si  tu  n'es  point  guerrier,      ) 
Fais  nous  le  donc  counnaitre   ' 
Montre  nous  tes  blancs  seins, 
Tes  brillantes  couleurs... 
Nous  ne  somm's  point  méd'cins, 
Mais  nous  le  voirons  ben  ! 


bis 


La  belle  fut  sept  ans 
Sans  qu'on  la  recounnaisse  ; 
Ben  des  gens  l'argardint, 
Parsounn'  la  r'counnaissint  ; 
Yavait  ren  qu'soun  amant 
Qu'la  bijait  ben  souvent. 


bis 


bis 


La  belle  et  aussitôt  ) 

Défit  ses  épinglettes  : 

—  T'nez,  les  v'ia,  mes  blancs  seins 

Mes  brillantes  couleurs  ! 

Vous  voyez  ben,  messieurs, 

Que  j'seus  pas  un  menteux  ! 


Le  commandant  lui  dit  : 

—  Monte  là-haut  dans  ma  chambre 

Tiens,  v'ia  cinq  mille  francs, 

Pour  toué  z'et  toun  amant, 

Allons,  les  amoureux", 

Mariez- vous,  tous  les  deux  ! 


33 

LA   PROMISE 


Recueillie  par  M**1!''    PontV 


Avec  mouv1 


Notée  et  harmonisée  par 

Francisque  Parcieux 


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j'ai     pa--      vu    mon      gu    .    lar.t  Y  au  .    ra      ben 


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j  .1 1     pa^       vu    mon      g:a 


Y      ->■-'  en  ea       (ft*      au      ser  .    vi   .    ce       du 


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34 


en  diminuant  jusqu'à  In  fin 


«  en  a  un  in  un  m  jusuu  n  m  Jin 

J     p  r  f  r  n  J>  >J  j  jhj_:  »  v  i 


poir  crest     <le  n'pas    sa  .  voir  Quand  j' pourrais    lf      re .  voir. 


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bis 


Au  bout  de  sept  ans  tout  au  plus, 
Mon  galant  est  revenu. 
Il  frappa  trois  coups  à  la  port'  de  cheux  nous 
«  Ma  mie,  y  êtes- vous  ?  » 
Mon  père  y  dit  à  l'instant  : 
«  Ma  fille  aile  est  aux  champs, 
Seriez-vous  son  calant  ?  » 


Sans  attendre  un  plus  long  discours,   (    ,  . 

S'en  va  trouver  ses  amours... 
Là-bas,  sous  l'ormeau,  ail'  filait  son  fusiau, 
Et  gardait  son  troupiau  : 
«  Bonjour,  l'amie  de  mon  cœur, 
Reçois  tout's  mes  faveurs, 
Je  suis  ton  serviteur  !  » 


«  Artirez-vous,  monsieur,  je  vous  prie,  i 
Vous  n'êtes  pas  mon  ami  !  » 
«  Ma  belle  en  partant,  j'étais  qu'un  paysan, 

Mais  va  ben  du  sang'ment  ! 

Maint'nant  me  via  revenu 

Tout  armé,  équipé, 

Comme  un  vrai  guernardier  ! 


bis 


35 

LE  RETOUR  DU  CONSCRIT 


Recueillie  et   uotée  par 

Mel>  Ponty 

Andanto 


Harmonisée  par 

MeLle  Aimée   de  Mourgues 


A'H  >  1  K  J)  J-,^^ 


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Le  plus  jeune  des  trois 

Y  r'grettait  ben  la  sienne. 

Y  r'grettait  ben  la  sienne, 
Il  avait  ben  raison  ; 
C'était  la  plus  gent'  fille 
Qu'était  dans  le  canton. 


Son  père  y  lui  répond 
D'un  air  tout  en  tristesse  ; 
«  Françoise,  ta  Françoise, 
François'  n'est  plus  ici  ! 
Son  corps  il  est  en  terre, 
Son  âme  au  Paradis  !  » 


Le  jeun'  garçon  s'en  va 
Trouver  son  capitaine  : 
«  Bonjour,  mon  capitaine, 
Je  viens  qu'ri  mon  congé 
Pour  aller  voir  Françoise, 
Qu'aile  est  en  train  d' crier  !  » 


Le  jeun'  garçon  s'en  va 
Tout  dret  dessus  sa  tombe  : 
«  Françoise,  ma  Françoise, 
Françoise,  réponds-moi  ! 
Avant  que  je  m'en  aille 
Au  service  du  Roi  !  » 


Le  jeun'  garçon  s'en  va 
Tout  dret  de  chez  son  père  : 
«  Bonjour,  chers  père  et  mère, 
Frères,  sœurs,  chers  parents  ! 
Je  viens  voir  ma  Françoise 
Que  mon  cœur  aime  tant  !  » 


Le  jeun'  garçon  s'en  va 
Trouver  son  capitaine  : 
«  Bonjour,  mon  capitaine, 
Me  voilà  de  retour. 
Puisque  Françoise  est  morte, 
Je  servirai  toujours  !  » 


8. 


«  Oh  !  mon  jeune  garçon, 
T'en  trouveras  ben  d'autres, 
T'en  trouveras  ben  d'autres 
De  toutes  les  façons, 
Des  noir's  et  pis  des  blondes 
Sur  le  pont  du  canton  !  » 


37 

OHÉJOHO! 


Recueilli.' par  M.  Duranton 

Mouvî  de  bourrée 


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Notée  et  harmonisée  par 

L.  Branchet 


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Bonjour  mon    pèr'v'laqujj'ar. 


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vin-     du    sar   .  vi     .      ce       Les  gasd'cheux  nous  sont  ils       tousren.voy    -     es! 


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C  qui  m'plasait  l'pus  dans  l'état  militaire, 
C'atait  l'Emp'reur  anvec  ses  génériaux 
Qu'avint  des  habits  qu'arluisint,  mon  père, 
Qu'les  grous  seigneurs  en  ont  pas  des  pus  biaux  ! 

Au  Refrain. 


—Tes  bœufs,  mon  gars,  sont  pus  dans  nout'étable! 
J'ies  ons  vendus  à  nun  marchand  manciau. 
Quand  j'avons  su  qu'y  z'allint  à  l'harbage, 
J'ons  t'y  pleuré  ceux  pour'  p'tits  annimiaux  ! 

Au  Refrain. 


J'arcounnais  pus  nout'  fumier,  ni  nouf  grange  ! 
V'avez  donc  fait  arracher  l'grous  ormiau  ? 
C'est  atounnant  en  six  mois  coumm'  tout  sange, 
A  nout'  grand  puits  qu'on  peut  y  tirer  d'I'iau  ! 

An  Refrain. 


—  V'avez  vendu  ceux  p'tit's  bêt's  si  mignounnes 
Qu'a  bougint  pas  pu  que  l'meure  et  l'ariot  ! 
Qu'avint  dTesprit  ben  pir'  que  des  parsounn's... 
J'ons  t'y  chagrin  d'mon  Rondin,  d'mon  Beugnot! 

Au  Refrain. 


J'vois  pas  ma  soeur,  là  qu'aile  est  don  fourrée  ? 
A  dounn'  queupart  à  manger  aux  pourciaux  ! 
Anvec  soun  houmm'  s'a-t-ell'  ben  rencontrée  ! 
J'cours  à  mes  bœufs  et  j'cours  à  mes  p'tits  viaux  ! 

Au  Refrain. 


—  J'vois  pas  ma  mèr',  qui  qu  aile  est  parti'  faire  ? 
A-t-ell'  toujou  son  grand  mal  d'estoumac  ? 
A-t-ell'  toujou  son  grand  mal  d  ordinaire  ? 
Quand  ça  v'nait  d'I'iau,  ça  sarvait  d'armanach  ! 

Au  refrain. 


—  Ah  !  mon  pour'  gars,  pari'  moue  point  d'ta  pour  mère. 

Ça  s'ra  ben  yell'  qui  nous  ruin'ra  tertous  ! 

Tous  les  six  mois,  j'vas  cheux  l'apothicaire... 

Y  m'en  emmanche  à  chaqu'  fois  pour  trenf  sous  ! 

Au  Refrain. 


39 

LE  GAS  BRÛLANT 


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Sans  lenteur 


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Notée  et  harmonisée  par 

Francisque  Darcieux 


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j'ai  -  me.  j'ai  .  me,   j'ai  .  me.  Quan 


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il)  0//  peut  allonger  les  couplets  il  l'infini  en  passait!  en  terne 

tous  les"ajfuttaux"  dont  une  paysan  ne  coquette  se  paie  habituellement 


LA  CHANSON  DU  GRENADIER 


Notée  et  harmonisée  par 

André  Cœdès-Mongin 


Mouv!  do  marche  joyeux 


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La    bell'   si  nous  p.ir     Ions         Ces1      la    loi  qui  L'or     don  -    ue,  La 


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bell'  si  nous  par.  tons       Ser .  vir  Na.po.lé    .    on.       Nous     Lronsdirea  -  dieu 


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La  bell'  si  tu  voyais, 

Notre  ordonnanc'  de  guerre  ! 

La  bell'  si  tu  voyais, 

Le  drapeau  des  Français. 

C'est  le  commandant 

Qui  marche  à  la  tête, 

C'est  les  grenadiers 

Qui  marchent  les  premiers. 

Au  Refrain. 


Voilà  minuit  sonné 
Battez  la  générale, 
Voilà  minuit  sonné 
C'est  pour  nous  éveiller. 
Allons  donc  soldats, 
Encore  une  alerte  ! 
Et  c'est  l'ennemi 
Qui  marche  jour  et  nuit. 


Au  Refrain. 


Beau  maréchal  de  camp 
Fait's  avancer  vos  troupes, 
Beau  maréchal  de  camp 
Fait's  les  mettr'  sur  trois  rangs, 
Voyez  comme  ils  sont  fiers, 
Voyez  quelle  assurance 
Ils  s'en  vont  cueillir 
Des  lauriers  pour  la  France  ! 

Au  Refrain. 


Cher  émant  si  tu  t'en  vas, 
Cher  émant  que  mon  cœur  aime, 
Cher  émant  si  tu  t'en  vas 
Mourir  dans  les  combats, 
Je  ferai  dir'  des  messes, 
Des  mess's  et  des  prières 
Pour  te  préserver 
Cher  émant,  du  danger. 

Au  refrain. 


4." 


MARCHE  DES  GAS  DE  LA  CHATRE 


Recueillie  par  M.  Montu 

Notée  par  Ch.  Denis 


Harmonisée  par 

André  Coedès-Mongin 


Allegro  avec  entrain 

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.tourn'     joy  _  eux  du    ré. gi. ment.  Qmh  la  France  est  char,  mante  Et    sa    troupe  é .  ga.le. 


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.nient    Si    la   guerr'durait  long,  temps  Dans  un      pa.ys  si  char.mant, 


Je    ser  .  vi. 


d'un 


Y  m'avont  bien  mis  en  route 

Etant  fatigue, 
N'ayant  point  d'souliers  aux  pieds  ; 

Y  m'avont  bien  fait  coucher 
Sur  la  plume  de  cinq  pieds, 
Oh  !  pour  moi  quell'  cruauté 
De  m'y  voir  si  mal  couche. 

Oh  !  va  !  Oh  !  va  !  si  j'attrap'  mon  congé, 

Non,  non,  jamais  j'y  retourne  a  l'armée  !  Au  refrain 


J'ai  fait  bouillir  la  marmite 

Dans  un  trou  de  terre, 

Avec  du  bois  sec  et  vert, 

l'ai  bien  mange  du  jambon. 

Du  pain  noir  d'amounition, 

l'ai  bien  couché  su  l'Iit  d'camp 

Avec  tous  ces  bons  enfants  ! 

Les  tUl>.  les  femm's  a  nous  ont  bien  aimé 

Car  y  en  avait  qui  suivaient  not'  armée  !     Au  'rfrcm 


J'ai  bien  fait  la  sentinelle 
Face  à  l'ennemi, 
.  Baïonnette  à  mon  fusil. 
Oh  !  J'ai  bien  roulé  mon  corps 
A  travers  tous  ces  corps  morts, 
Mon  sac  en  est  tout  perce 
Par  les  bombes  et  lc>  boulets, 
Et  mon  habit  est  tout  rempli  de  trous. 
Mais  Dieu,  merci!  Je  m'en  retourn'  chez  nous!    Au  refrain 


45 


LE  JEUNE  VOLONTAIRE 


Mouvt  de  Marche 


Notée  et  harmonisée  par 

Francisque  Darcieux 


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Son  papa  y  lui  répète  : 
«  Vous  êt's  encor'  trop  jeunette, 
Et  attendez  encore  un  an, 
Et  vous  finirez  vos  quinze  ans. 
Je  vous  marierons  peut-être, 
Ronflant...  etc.  » 


L'capitaine  y  la  regarde  : 
«  Vous  m'avez  l'air,  camarade. 
Oh  !  mais  dedans  nout'  régiment, 
Xous  n'avons  que  des  bons  enfants  ! 
J  aimons  pas  ceux  barbes  fines, 
Ronflant...  etc.  » 


La  bell'  n'attend  pas  tout  cela 
Va  trouver  son  capitaine  : 
«  Oh  !  bien  l'bonjour,  mon  capitain' 
Je  viens  ici  pour  m'engager, 
Avec  un  jeun'  volontaire, 
Ronflant...  etc.  » 


«  Quoique  j'ay'  la  barbe  fine, 
R'gardez,  j'ai  encor'  bonn'  mine. 
Oh  !  qu'non  me  mett'  lesarm'sen  main 
Et  qu'non  m'envoye  aux  Autrichiens... 
J'y  ferai  ben  la  conduite, 
Ronflant...  etc.  » 


47 

LA  DEMANDE  EN  MARIAGE 


Recueillie  et  notée  par 

L.  Farge 


Harmonisée  par 

André  Coedès-Mongm 


Andantino 


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A  vous,  bonjou,  maît'  Pierrette, 
Comment  y  vont  tous  cheux  vous  ? 
Pé  Colas,  la  mé  Nannette 
Et  les  aut'  tertou  itou. 
Tapez-vous  su  c'te  bancelle, 
Fait'  assiésé  vout'  grand  gars  ; 
Qu'i  nous  baille  des  nouvelles 
D'tout  vout'  mond'  de  par  là-bas  ! 

Fait'  esscuse  à  moun  hardiesse, 
Moi  j'eum'  pas  les  embarras  ; 
Vlez  ti  dominer  vout'  drôlesse 
En  mariage  à  nout'  grand  gars  ? 
Al'  y  baill'  dans  la  voyure, 
A  l'eumer  si  ben,  si  biau, 
Ou'all  y  voit  sa  portraiture 
Dans  les  yeux  à  nout'  tauriau. 

Nout'  fille  a  tir'  ben  les  vaches, 
A  sait  ben  fai'  bouer'  les  viaux, 
Ariez  l'soir  a  les  attache 
Pour  fair'  manger  nos  igniaux. 
C'est  ben  z'ell'  qui  fait  la  soupe 
Aux  char'riers  et  aux  batteux, 
Ariez  elle  qui  la  coupe 
Enter'  tous  nos  moissonneux. 


Pour  la  Margot,  magrandine, 
C'est  pas  pour  vous  la  bouzer 
La  drôlesse  al'  est  ben  fine 
Pour  coud',  ariez  pour  filer, 
La  gaillarde  al'  est  pas  ûète 
Pour  rabiller  un  sarriau, 
Mett'  des  boutons  à  des  guêt'es, 
Ariez,  y  mette  un  vanniot. 

Nout'  richesse  al'  est  pas  forte, 
Comm'  vous  j'somm'  des  p'tits  fermiers  ! 
Mais  nout'  gars  y  vous  apporte 
Deux  bons  bras  pour  travailler. 
D'yeu  marier,  y  sont  en  âge, 
Tous  deux,  j'cré,  y  s'eumont  ben  ! 
Faut  donc  que  le  mariage 
Y  s' fasse  le  mois  prochain. 

Ariez,  pour  que  rin  s'démanche, 
Dré  c'soir  allons  cheux  l'Curé... 
Les  bans  publierons  dimanche, 
Ça  s'ra  pus  vit'  terminé... 
C'est  y  vout'  avis,  maîtresse  ?... 
Et  ben  quoi  ?  vlà  qu'vous  pleurez  ! 
Bah  !  fait'  vous  pas  de  tristesse, 
Savez  ben  qu'  faut  s'séparer  !... 


Quoiqu'  ça  nous  fass'  ben  d'ia  peine 
D'voir  parti'  nout'  fill'  d'cheux  nous, 
J'nous  consolons,  moun  Etienne, 
D'savoir  qu'ai'  renter'  cheux  vous  !... 
Bon  d'ià  d'gars,  j'te  dounn'  ma  fille, 
Top'là...  bon...  ça  y'est,  mon  vieux. 
Vous  fiez  eun'  gente  famille, 
Soyez  bénis  du  Bon  Ghieu. 


49 

LES  PLEUMES  DE  BOEUF 


Allt'*cretto 


N'itec  ut  harmonisée  par 

André  Coedès-Mongin 


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ça       qu'fautqu'je  m'ma  .    risse  a.vec       la  fille  a    nout     voi 


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sin.  Y    m'ili  .sont        tous      qu'elle  est      ben        [rente        et  qu'elle    est 


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doue'  comme     un        a     -       ^nnau!       C'est   ben     pour         ça         qu'j'ai  p^ur    qu'a 


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Pour  finir 
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^  >    >  J1    >   1 1    1  ;.  -x-^-^ — i 


m'plant'    des  pleum'»  <!»•        bœuf     sous  mon     cha  .     piau. 

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<i>  Z.ts  points  d'orgue  doivent  être  longs. 


Ail'  port'  des  coiff' s  de  dentelles 
Pour  gourgandiner  au  bal. 
Un'  gent'  fill'  qui  va  si  belle, 
Un  beau  jour,  ça  tourne  mal. 
Les  gars  qui  dansent,  la  plaisantent 
Et  la  bij'nt  su  l'bout  du  musiau. 

An  Refrain. 


Un  beau  mossieur  de  la  ville 
Habillé  en  fignoleux 
S'en  vint  visiter  c'te  fille 
Comme  en  manier'  d'amoureux. 

Y  t'ia  vire,  y  t'ia  tourmente, 

Y  fia  retourn'  comme  un  sanciau... 


Au  Refrain. 


Buvons  donc,  mon  ami  Gilles, 
C'est  le  cadet  d'nout'  souci 
Pourquoi  se  fair'  de  la  bile 
Et  s'bournager  l'cœur  ainsi  ! 
A  table  mon  âme  est  contente 
Et  quand  ej  bois  du  vin  nouviau... 

Au  Refrain. 


y  me  fich'  pas  mal  qu'aile  m'en  plante 
Cinq  à  six  pint's  sous  mon  chapiau  ! 


51 


LA  SERVANTE  QUI  VEUT  SE  FAIRE 
AUSSI  BELLE  QUE  SA  DAME 


Notée  et  harmonisée  par 

Francisque  Darcieux 


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Avec  mouvi 


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*=*-JlJlJilJ<=^WlJ     jLp_p_| 


Dedans  Rt.ris         y  a  tu. ne     <la  -  nu^ui     est 


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r    pp  g  p  If"      J'J'J'IJ      i'^4J    Jt    p 


bel    .    le  comme  le      jour  Dedans  Ri .  ris  va  tu.  ne      da  .    me^ui       esl 


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rT\  vif 


J4^-J^=à 


r  p  ?  p  p-i  r     r  fit  p  gjr 


bel    .     leconinie  le    jour  Elle       a.  vait         u.  ne       ser_  van.te^u'auriul    qu'au. 


T        / 


Cédez 


# 


rait    qu'aurait    vou      lu  Etre  aus.  si  bell'que     sa     dH  me  Mais  fil'  n'apus    pu, 

El 


EUE 


: 


*  *  ê  f 


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Suivez 


A    B1 B 


52 


EU'  s'en  va  chez  l'apothicaire  :  ) 

—  «  Monsieur,  vendez-vous  du  fard  ?      ) 
Et  combien  l' vendez-vous  donc  ? 

—  «  Je  l'vends,  je  l'vends  deux  écus  l'once  ». 

—  «  Donnez  m'en  un'  demi-once 

Pour  un  écu  !  » 


—  «  Quand  ce  sera  pour  vous  farder, 
Prenez  garde  à  n'pas  vous  mirer. 
Eteignez  votre  chandelle, 
Barbou,  barbou,  barbouillez-vous, 
Le  lend'main  vous  serez  belle 
Comme  le  jour  !  » 


Mais  ce  n'fut  pas  le  matin-jour, 
La  belle  prit  ses  beaux  atours, 
Elle  prit  sa  jupe  verte, 
Son  blanc,  son  blanc,  son  blanc  corset, 
S'en  va  faire  un  tour  de  ville 
Sans  se  mirer. 


Au  bout  d'ia  ville,  ell'  rencontra 
Son  galant  qui  lui  dit  comm'  ça  : 

—  «  Où  vas-tu,  franche  coquette, 
Si  bar,  si  bar,  si  barbouillée  ? 
Tu  ressembl's  au  ramoneur 

De  cheminée  !  » 

6. 

EU'  s'en  va  chez  l'apothicaire  : 

—  «  Monsieur,  que  m'avez-vous  vendu  ?  » 

—  «  J'vous  ai  vendu  du  cirage 
Pour  ci,  pour  cirer  vos  souliers, 
Car  ça  n'appartient  qu'aux  dames 

De  se  farder  !  » 


bis 


bis 


bis 


bis 


53 

LE  CORNEMUSEUX  D'MARMIGNOL 


Notée  par 

Wt°  Hugues  Lapaire 

Allegretto 


Harmonisée  p«r 


M'1.1''  Aimée  do  Mourgues 


l*i  i  f  r  r  'r  J' r  ir  J  *J  iJ'^ 


Vous     h  .vez   ben      tous  con  .nu        L'pé  La  .rue    et 

ÛJ_ k _h I _i L 


sa    nui.  set  .  te 


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Ouin.ouin.     ouin.ouin,  ouin.    D'puisquec't'homm'n'e  _  xis-te  pus    J'vousassur'que    jelVegrette 


JJj    |  J'i^i'lJ^r    |  J.J:JJ.|J.^ 


Ouia    ouin.      ouinouinouin,     Y  m'a  laissé  en    tes-tnmeiri       Samusett'pourbout'ferd'daaslan 


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J'ons  un'  nouvell'  piau  d'mouton 
Pour  orner  nout'  cornemuse 
Ouin,  ouin,  ouin,  ouin,  ouin, 
Yaura  pus  qu'les  deux  bâtons 
Qu'sont  en  bois  d'cormier  ben  use 
Ouin,  ouin,  ouin,  ouin,  ouin, 
Malgré  ça  j'ia  changeais  pas 
Pour  cell'-la  du  pèr'  Lucas, 
Landou,  landou,  landou. 

Au  Refrain. 

3- 

Ej'seus  composeux  d'chansons, 
J'ons  la  mémoir'  ben  heureuse, 
Ouin,  ouin,  ouin,  ouin,  ouin, 
J'en  faisons  sur  les  buissons 
Et  sur  les  roses  mousseuses, 
Ouin,  ouin,  ouin,  ouin,  ouin, 
Sur  les  charmes  de  jeanneton 
Et  la  vertu  de  Margoton, 
Landou,  landou,  landou. 

Au  Refrain. 


J'ons  un'  femm'  depuis  queuqu'  mois 
Que  m'suit  partout  dans  la  fête, 
Ouin,  ouin,  ouin,  ouin,  ouin  ! 
La  jalous'té  vient  queuqu'  fois 
Y  troubler  les  sangs  d'ia  tête, 
Ouin,  ouin,  ouin,  ouin,  ouin  ! 
Aile  a  ben  tort  de  s'déranger, 
Les  fumell's  v'iont  pas  m'manger, 
Landou,  landou,  landou. 

Au  Refrain. 

5- 

Si  l'Bon  Dieu  m'dounne  un  garçon 
A  la  saison  des  asparges 
Ouin,  ouin,  ouin,  ouin,  ouin, 
Tout's  les  filles  du  canton 
Pourront  fair'  brûler  un  ciarge, 
Ouin,  ouin,  ouin,  ouin,  ouin  ! 
Ça  s'ra  un  gars  ben  heureux 
Car  y  s'ra  cornemuseux, 
Landou,  landou,  landou. 

Au  Refrain. 


55 

LA  TREUE  GARELLE 


Notée  et  harmonisée  par 

Francisque  Darcieux 


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Modérément  'sans  lenteur  l 


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Quand      je      .      tions  de  chez 


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////  soutenu 


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chons      j'ai. lions  gar   -    der        Ybnma   tron,  tron.  tron,  tron,    ti.re 


+-* P-* 


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marque 


t-     J         J  »JJL 


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UJ1   J1      I  J      =f 


ne      You  nia  tron.        tron.        tron,        tron,  ti.  re     ton! 


A.  au"-' H 


5  6 


J'étais  encor'  ben  jeunette, 
J'oublissi  mon  déjeuner.  (bis) 

You  ma  tron  tron...  etc. 


Yavait  plus  qu'la  treu'  garelle 
Oui  n'voulussit  point  danser    (bis) 
You  ma  tron  tron...  etc. 


Ce  fut  l'valet  d'chez  mon  père 
Qui  fussit  me  le  chercher.        (bis) 
You  ma  tron  tron...  etc. 


L' verrat  la  prit  par  l'oreille 

Ma  foi  !  Tu  viendras  danser     (bis) 

You  ma  tron  tron...  etc. 


En  r' venant  prit  sa  musette 

Et  s'mit  à  cornemuser.  (bis) 

You  ma  tron  tron...  etc. 


lu  comment  veux-tu  que  j'danse 
Je  seus  prête  à  couchouner      (bis) 
You  ma  tron  tron...  etc. 


9- 


Les  cochons  de  queuille  en  queuille 
Y  se  sont  mis  à  danser.  (bis) 

You  ma  tron  tron...  etc. 


Quand  ail'  fut  dedans  la  danse, 
AU'  sauta  qu'tout  en  ronflait  ; 
AU'  sauta  jusqu'au  plancher. 
You  ma  tron  tron...  etc. 


HUGUES  LAPAIRE 


y  v v         v  y 


57 

VIVE  LE  VIN 


Recueillie  par  M.  Henri  Lamarre 
M    ^Allegro 


Ni ite'e  et  harmonisée  par 

M*  L1''  Aimée    de  Mourgues 


J    JJ    J,|lj 


n  /Ts 


P;  jj  Jl3j.  PJMJ  ^  hJ-H^p 


pa-      *i    je      l'an   _    rai       Jai  fait    la     cour     à     u    _    ne     bru  _     ne  Mais  je  n'sai 


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rents      i|ui    l'en         dé    -     tour       nent    Vi      ve      le         vin!  Vi      ve      le 


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58 


a  Tempo 


Ah  !  si  ma  mie  aile  est  pas  gente, 
Aile  a  un  air  qui  me  convint. 
Aile  a  un  air  de  dir',  de  dire... 
Donnez  du  vin  que  je  m'enivre  ! 
Vive  le  vin  ! 
Vive  le  vin  !  Vive  l'amour 
Et  voilà  le  jour  ! 


bis 


Oh  !  Je  la  pris  par  sa  main  blanche 
Pour  la  conduir'  dans  mon  jardin, 
Pour  y  cueillir  de  la  salade, 
Des  (h)artichaux  à  la  poivrade... 
Vive  le  vin  ! 
Vive  le  vin  !  Vive  l'amour 
Et  voilà  le  jour  ! 


bis 


Ah  !  Si  l'amour  prenait  racine, 
Dans  mon  jardin,  j'en  planterais, 
J'en  planterais  si  long,  si  large, 
J'en  frais  part  à  mes  camarades, 
Vive  le  vin  ! 
Vive  le  vin  !  Vive  l'amour 
Et  voilà  le  jour  ! 


bis 


59 

NOËL 


Nottît;  et  harmonisée  par 

André  Cœdès-Mongin 


Galment 


m-^  > n\*  j>  )>  ^T7 n  g  fl ^m 


M-E-P 


BouJonsnos  habits    les  plus  biaux    Que  j'uns quand  il  e»t  fè.te; 


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..     J. .......  r..„      »•..„«    ......   ,.;....     />.,        ..•....;♦    m. i    i,....  ...-.        »..  £;;...! 


l'uur    h  . durer  l'en  _  tant  nou.viau    Ça      s'rait   t'j    mal.hou     .      ne  -  te.         ^ij'ul 


te 


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60 

2. 

—  Jarnigué  !  L'air  est  ben  cuisant 

Pour  s'ajancer  si  brave. 

Pour  moi,  je  demeure  au  dedans 

Ou  descends  à  la  cave. 

Quand  on  veut  m'emm'ner  de  c'temps 

On  me  fiche  une  entrave. 


—  Tu  fais  le  délicat  et  blond, 
Du  temps  tu  crains  l'injure, 
La  nuit,  déjà  couché  le  long 
De  c'te  vieille  masure, 
Saoul  comme  noute  couchon, 
Craignais-tu  la  frédure  ? 


—  Aga  Nannette,  t'a  raison, 
Tu  parles  coumme  un  prête, 
Monsieur  l'curé  dans  son  sermon 
N'en  dit  point  tant  peut -été  : 
lu  li  ferais  sa  leçon, 
Tu  serais  ben  son  maîte  ! 


5- 

—  Y  veut  surtout,  quoiqu'il  en  soit, 
Que  l'on  fasse  l'offrande. 
Puisque  cela  si  fort  lui  plaît, 
Faisons  ça  qu'il  commande. 
Pour  moi,  j'offre  sans  regret, 
Ce  que  j'ai  de  ferlande. 


6. 


Madame  Louise  prend  chemin 
Avec  nout'  assemblée, 
Apportant  saucisse  et  boudin 
Et  vin  blanc  de  l'année... 
Et  puis  j'iions  sans  chagrin 
Honorer  l'accouchée. 


bis 


bis 


bis 


bis 


bis 


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Les  Vieilles  Chansons  ûuBoth 


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Chant  et 

iDQM^Vuatt  CO-miuj-UG    ot/^c  IOiXJe.Ce.   . 

j)u?iN    P.        Se^c   - 

, ,  A.ÛÔ  tiUr-l/J  b-C-A-C  -£l6  2 j 

b^  ^o&ulOue^iXiUki,  C$<Xoj-uÊ 
JÔL//N    h.       WocWe  ;       i    jVliu*vG 


Lot  IrowJViQA  Ao-vA  L  D'bvwû/ 


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KCLStM  P,  &*  >.tv,  i     .       yctLoÇ-oi-ui 


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PIANO 
L APAISE  H.    ç  CLxcuS^ , maù^  4ja 

£&i  \A.£lUC  S  cljCUvio-wl 

LHUIU.O  ï.  ^i^^tu.%.)ivLChefuyj\"i  ,. 


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S«  g 


vcote,^ 


ifl-vurUt    cu^.  i/o.  via  G, 


j:j|-ue   c/hJiAvivu. - 


CHANT    SEUL 


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1732 
L36V54 


Lapai re,  Hugues 

Les  vieilles  chansons 
populaires  du  Berry 


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1732 

I36V5/4 


1: 


Lap.aire,  Hugues 

vieilles  chansons 
populaires  du  Berry